Après les réseaux nomades (
Wireless Internet, 2002) c'est une série d'idées crypto-scientifiques qui sert de prétexte théorique plus ou moins tangible au nouveau disque du machiavélique
Gerald "Henrich Müller" Donald. Mais laissons de côté l'algèbre, il n'est pas nécessaire de prétendre à un QI supérieur à 130 pour sentir son sang se glacer à l'écoute d'
Inertial Frame.
Apparente simplicité et menace latente y hantent partout les patterns évanescentes, de l'atmosphère de dérive en laboratoire de
Twin Paradox ou
Lorentz Contraction aux mélodies d'une pureté fascinante, irrémédiablement vicieuses des classiques instantanés
Axis of rotation,
No Boundry Condition ou
Infinite Density. Des titres comme
Zero Volume ou
Schwarzchild Radius communiquent toute l'angoisse et l'ambiguité qui se cache dans les sonorités old school.
Les sonorités sont trompeuses, les sinusoïdes portent avec elles leur marge d'erreur, c'est à dire leur aspect sinon humain, tout du moins organique et rassurant jusque dans leur noirceur. Mais il y a en même temps cette rigueur terrifiante de leur répétition, artificielle à l'extrême. A la fois mutantes, créatrices de sentiments (mélancolie, nostalgie, paranoia) et fondamentalement étrangères à notre humanité, ces fréquences venues d'ailleurs rampent avec obstination entre nos neurones alarmés. Entre inhumanité de l'électronique et instabilité de l'éléctricité, elles sont le produit de forces que nous croyons maitriser, mais dont la puissance reste mystérieuse, à l'image de l'intense
Gravitational Lense, variation maléfique de
Kraftwerk qui part en déroute.
Radicalement électro, code source et ADN,
Inertial Frame est une surface musicale traitre et en partie abstraite, à la fois orage d'une linéarité perverse, et miroir d'une inquiétude glaçante. Austères comme la technologie dont elles sont constituées, monstrueuses comme l'inspiration qu'elles sucitent, les machines s'y révèlent sous leur aspect définitivement crépusculaire.
Chroniqué par
Guillaume
le 27/10/2006