Enregistré le 1er Juin 1974 au Moers Festival,
Unity présente
Frank Wright en leader humble d’un quartette explosif, et vient compléter
The Complete ESP-Disk’Recordings du saxophoniste, récemment édité.
7 notes de contrebasse répétées par
Alan Silva introduisent la première partie du concert. Porté par le piano de
Bobby Few, véritable machine à débiter un fonds sonore aussi mélodique que brouillon,
Wright part sur les traces de
Coltrane, passe sans sourciller des graves aux aigus de son ténor, ânonnant parfois sur le crescendo institué par le batterie de
Rashied Ali.
Arrivé à l’aigu ultime, le leader laisse sa place au trio de ses sidemen: notes réverbérées de piano rappelant
Sun Ra perdu en piano bar des débuts du film
Space is the Place, cymbales portées toujours plus haut, et excellence du jeu de
Silva à l’archet.
Unity tient là de ce qui a été fait de plus intense en petits comités défendant free jazz, du niveau de
Sonny’s Time Now de
Sunny Murray.
Sur la deuxième partie,
Ali impose un rythme étrangement latin, batucada bousculée, bientôt investie par
Few, exploitant son piano d’un bout à l’autre. Déposant quelques notes graves en réponse aux aigus frénétiques glissés par l’archet de
Silva,
Wright reprend le dessus et ose un semblant de mélodie reprise ensuite par la piano, pour enfin conclure le set au son expansif d’un barnum fanfaron. L’avant-garde éclairée tenant de la grande illusion : indispensable.
Chroniqué par
Grisli
le 12/10/2006