Emmené par le saxophoniste
Ken Vandermark,
Bridge 61 - avec des bouts de
Spaceways Inc (le bassiste
Nate McBride) et du
Vandermark 5 (le batteur
Tim Daisy) dedans – poursuit les efforts de son leader, dans sa lutte à rendre un jazz surpuissant et efficace, sans jamais rien entamer de ses belles manières.
Jamais las, donc,
Vandermark déploie pour réussir ses astuces coutumières : unisson des instruments à vent (saxophones face à la clarinette de
Jason Stein), interventions motivantes de la contrebasse (imposant un swing sur
Atlas ou un bop sur
A=A), grandes plages de déconstructions quiètes (
Dark Blue, Bright Red) ou non (
Super Leegera).
Passé à la basse électrique,
McBride démontre son intelligence à prendre les bonnes décisions : élément principal de la structure de
Various Pire, sur lequel
Vandermark répond aux instincts mélodiques de
Stein par un free soutenu ; gardien d’un gimmick crachant sur
Shatter (judicieusement dédié au guitariste
Sonny Sharrock) ou seul référent palpable d’un morceau de soul inquiète (
Nothing’s Open).
A l’écoute de
Journal, comme cela était déjà arrivé avec
Radiale, l’auditeur comprend à quoi aurait toujours dû ressembler le jazz rock. Au lieu de donner dans la guimauve exposée sous néons blafards, il aurait pu comme aujourd’hui mêler les influences de
Roland Kirk et d’
Hendrix avec intelligence. Encore eût-il fallu que les plus célèbres musiciens du genre aient eu, comme
Ken Vandermark, un concept esthétique personnel à défendre.
Chroniqué par
Grisli
le 22/09/2006