Cool Calm Pete, transfuge du label underground new-yorkais
Embedded, s'avère être le nouveau poulain de l'écurie indé
Def Jux. Signé uniquement pour pouvoir traverser l'Atlantique,
Lost lors du voyage s'est enrichi de trois nouvelle tracks produites par
Blockhead et
Rjd2... on se dit que ça doit valoir le coup pour que
Def Jux annonce "Tapis!" dès le début de la partie.
Et en effet, pour un premier album aux manettes (prod et Mc)
Cool Calm Pete fait preuve d'une maîtrise que sa seule participation en tant qu'Mc avec
Babbletron n'augurait pas forcément. Il faut dire que le ptit gars à du bagage et un parcours atypique. D'origine coréenne mais ayant grandi dans le Queens, diplomé en Art, son nom, son flow reflètent un recul sur son travail, une précision jamais démentie dans la production et l'écriture des lyrics. Entouré des acolytes de
Babbletron,
Jaymanila et
DJ Pre (à la prod de 2 tracks et au mix complet de l'album), mais aussi
Ed Live et, comme cités plus haut,
Rjd2 et
Blockhead pour l'export, Pete s'exerce au difficile exercice de beatmaker avec brio et nous fait oublier les dernières prod
Def Jux relativement décevantes.
On revient avec
Lost à un rap léché, l'album étant structuré sur 17 plages et non la résultante d'une juxtaposition de prod éclectiques. On écoute l'album comme on écoute une histoire. La comparaison n'est pas anecdotique puisque Pete, l'homme au "slow flow" joue tout du long de l'album à jongler sur l'alternance rappé/parlé avec intelligence et précision. De plus ses influences musicales vont du rockabilly à la funk/soul originelle. Petite anecdote : ne cherchez pas la provenance de tous les samples, certains sont tirés de la collection familiale coréenne restée au pays et avec laquelle il a gardé contact. Oui, il y a eu de la funk/soul coréenne et Pete garde jalousement son stock.
Pour revenir à l'album, on retiendra particulièrement les deux contributions à la prod de
Dj Pre sur
Dinner Movie et surtout
New Jack Biddie feat
Jaymannila avec un loop de violon sublime. Et aussi celles d'
Ed Live pour
Cloudy et
Wishes and Luck avec un piano parfaitement mis en place et rythmé. Notons que les pistes ne sont pas uniformes, qu'elles se scindent souvent en colorations musicales différentes (
Dinner and a Movie). Du Old School Rap à l'underground Hip-hop new-yorkais haché et saturé, l'album est émaillé de fonds sonores (extraits de films, dialogues) qui renforcent l'aspect narratif.
Au final, on peut aimer ou détester (
F**K You n'est pas une réussite absolue), mais la continuité de l'album et sa mise en forme quasi parfaite poussent au respect. Une bonne surprise.
Chroniqué par
Demokrite
le 15/09/2006