Le quintette de New York, emmené par le trio de tête David Sitek, Tunde Adebimpe et Kyp Malone, adoubé dès la sortie d’un premier album prometteur,
Desperate youth blood thirsty babes (qui contenait, l’on s’en souvient, le tube
staring at the sun), franchit un palier décisif avec son nouvel album, porté aux nues, et qui devrait en toute logique truster les premières places des tops de fin d’année, dans un consensus public et critique pour une fois mérité.
Il faut dire que dès le premier titre,
I was a lover, et son funk anesthésié,
Tv On The Radio affirme la qualité indéniable de son rock à la fois cérébral et frondeur, hybride générique improbable sur le papier, mais dévastateur dans les enceintes. Une alliance hallucinée de gospel soul numérique, d’audaces pop imparables, de dérives percussives nourries du krautrock et de saturations noisy, entre autres..Pas une prouesse d’équilibriste, plutôt un fantastique numéro de dompteur de sons et de textures.
Moins aride, plus accessible que le précédent opus,
Return To Cookie Mountain se paie le luxe de mélodies accrocheuses, jamais effarouchées par la bête expérimentale tapie dans l’ombre de chaque piste. C’est la force de
Tv On The Radio sur ce disque, échafauder des morceaux complexes, méticuleusement pensés, mais qui ne laissent pas l’auditeur sur le bord du chemin.
Qu’on en juge avec
Playhouses : martèlement de batterie sanguin, basse fuzz étourdissante, et le chant de Tunde Adebimpe, condensé de l’univers particulier du groupe : citadin, sombre, fantasmagorigue et trippé, mais étrangement hospitalier.
Dans ce dédale sonore, les voix ne sont pas en reste. En éclaireur sur la longueur du disque, les voix de Tunde et Kyp se chevauchent, appuyées de chœurs hantés nous entraînant dans les entrailles d’une mégalopole fantomatique. Dans ce périple, le groupe se voit accompagné d’un backing band vocal et instrumental de choix : David Bowie, curieusement sous exploité sur
Province, Katrina Ford chanteuse de
Celebration dont David Sitek a produit le premier album paru il y a quelques mois chez 4AD, ou encore Chris Taylor, échappé de
Grizzly Bear pour s’adonner à la clarinette sur
Tonight. Une fine équipe qui se fond naturellement dans l’univers climatique et dépaysant de
Tv on the Radio.
En résulte un disque abouti, qui trouve un équilibre certain entre exigence arty et rapport plus primaire à la matière sonore, créant ainsi une énergie électrique et singulière, qui brasse le chaud et le froid dans un même élan.
Chroniqué par
Imogen
le 29/08/2006