À côté de
Mono, si ce premier disque continue son tour du monde (d’abord le Japon et maintenant une nouvelle parution aux USA avec deux titres inédits) et parvient à en entraîner un autre, il faudra désormais compter avec
Té tant il est manifeste que dès les premières mesures de ce
If that is what is being thought, liberated sound talks the depth of the “musical” world, c’est à des grands que l’on a affaire. Riffs parfaitement assénés, évidence assumée de la sonorité, mélodies à fleur de peau, qui font que l’on sait d’emblée que l’on a affaire à quelque chose de la famille « post-rock ». Mais, au-delà, capacité à se sortir des sentiers battus, aller chercher d’autres horizons, faire de ces breaks trop binaires des modes de libération de la linéarité, et dès lors laisser le champ libre pour que s’expriment pleinement les ambitions du couple basse / batterie. Car, là où les guitares sont simplement efficaces, tracent des lignes directrices, la batterie et la basse nouent et dénouent d’autres fils, tracent d’autres trames, laissant souffler sur ce disque un esprit parfois proche des rythmes breakés d’une certaine electro. Sauf qu’ici, contrairement à
65daysofstatic, pas l’ombre d’une machine pour augmenter la musique et échapper aux formats convenus, mais une production recherchée qui crée des premiers et des seconds plans (tantôt les guitares au premier, tantôt la basse et la batterie). Ainsi qu’une force de frappe musculaire qui s’articule principalement autour de trois points : caisse claire / charleston / grosse caisse. Triade suffisante à faire de ces pièces courtes pour le style (6 minutes tout au plus) des phrases à l’image des titres qui les nomment. À côté de
Mono, donc ? Certes, mais contrairement à
Mono aussi, se doit-on d’ajouter, tant le groupe s’éloigne de ces exercices d’imitation dans lesquels son aîné excelle malheureusement. Au contraire encore, par la densité des pièces que compose
Té, ramassées sur elles-mêmes, ne cherchant pas à s’étendre indéfiniment, mais cherchant à toujours gagner en intensité.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 28/06/2006