C’est une chose étrange, comme peuvent parfois cohabiter plusieurs projets à l’intérieur d’un seul. Avec
Shine Through, ce sont pas moins de trois projets bien distincts qui se disputent l’heure que dure cet album. Pour un résultat moyennement convaincant.
Comme on l’attendait, le premier projet d’
Aloe Blacc tient dans les morceaux rappés, produits par
Madlib et
Oh No! Plutôt réussis sans être révolutionnaires, un peu au-dessus des productions du premier album de
MED, les titres remplissent le cahier des charges, avec bonheur parfois.
Second aspect de l’album, un ensemble de morceaux soul et mystiques aux sonorités très synthétiques, assez entêtants (
Whole World), joliment arrangés souvent (
Dance for Life), moins aboutis peut-être que les titres psychédéliques produits par Madlib mais probablement plus personnels : ce sera le lieu où creuser pour un prochain effort, car c’est sur ce terrain-là que l’on peut attendre
Aloe Blacc.
Troisième aspect enfin, et c’était bien là ce qu’il fallait ne pas faire, des titres aux sonorités latines, bossa-nova et samba (
Bailar Scene,
Nascimento), absolument anecdotiques, qui déroulent dans l’ennui le plus complet un ensemble de codes et de signes « latins » (les petites percussions, les vocaux espagnols, les cuivres). Les deux titres bonus, inclus sur le premier pressage de l’album, qui obéissent intégralement à ce modèle, font ainsi plutôt figure de malus, tant l’absence totale de surprise, d’une petite flamme, d’une excitation, se fait cruellement sentir à la fin du disque.
Shine Through n’est pas complètement râté ; il y a ici et là quelques morceaux qui méritent l’écoute, plus particulièrement celle des auditeurs sensibles au style
Stones Throw. Malheureusement, manque d’achèvement d’une part et morceaux superflus et encombrants d’autre part ont tôt fait d’alourdir un album que ses qualités ne suffisent pas à élever : question d’équilibres et de répartitions des masses, à revoir ici.
Chroniqué par
Mathias
le 14/06/2006