La revue
Fo(A)rm livre sa quatrième livraison et la consacre à la question de la topographie. Espaces, cartes, reliefs, climats : autant de questions qui intéressent la musique électronique, plus particulièrement la musique ambient et le field recording. Livraison volumineuse et dense, multiple aussi, puisque entretiens avec des musiciens et essais pointus nombreux alternent le long de la grosse centaine de pages de ce numéro 4. Le tout venus de tous les horizons, comme pour illustrer cette donnée : la musique topographique ou topique ne fait jamais l’économie de son ethnicité : qu’elle vienne de France, du Japon, ou d’Afrique, comme les articles ici présents.
D’ethnicité, c’est de cela que s’occupe
Phil Niblock, dont l’album
Ghosts and Others paru sur
Sedimental en 1999 accompagne ce numéro. Longue pièce concrète divisée en quatre parties, elle semble taillée à même l’environnement d’origine : cloches tibétaines, meuglements de vaches, percussions tribales et instruments rudimentaires forment la trame déliée et touffue de cet album de qualité, assez accrocheur pour un disque de field recording.
Il y a quelque chose dans la musique de
Phil Niblock qui tient à son atmosphère plus qu’à son lieu : elle trace une carte, c’est certain, mais pour faire exister un espace de vie, un fourmillement humain, une activité, c’est-à-dire une manière qu’ont les autochtones de s’activer, d’évoluer. Le cadre, l’environnement ne sont pas documentés pour eux-même, mais en tant qu’ils accueillent un ensemble de souffles, de pas, de petits geste présents dans la trame de la pièce. Petits fantômes vivants, petites traces conservées par le magnétophone et ramenées à la vie, la musique de
Phil Niblock est la meilleure glose possible aux textes présentés : une manière d’animer l’espace, sa vie propre.
Chroniqué par
Mathias
le 09/06/2006