Court disque que ce
deqJam, mais dense et rythmiquement multiple : un volume appréciable en condensé, pour ainsi dire. L’organisation de l’album en sept parties indifférenciées laisse à penser qu’on a affaire ici à une œuvre d’un seul tenant, d’un seul mouvement : il n’en est rien, et c’est plutôt à un album pluridirectionnel que nous convient ses trois responsables,
Req,
Steve Argüelles et
Ashley Slater.
Entamant un parcours dans sa mémoire vinylique collective, le trio mêle bruits et moment sensualistes, improvisation doucement noisy à base de samples et humeurs plus laid-back, toujours avec cette science du groove sournois, rampant et impair qui caractérise l’esthétique
Plush et la musique de
Steve Argüelles.
Ici, l’art du hasard cher aux trois musiciens sera moins le fait de constructions rythmiques savantes que de collages sonores dont l’efficacité tient à d’infimes décalages, des collages qui ne se donnent presque pas comme tels, qui préfèrent, à l’intérieur de chaque grande section, maintenir une sorte d’unité éphémère, transitoire. Une unité qui globalement se délite, pour donner lieu à cet album d’apparence facile à appréhender, mais qui est en réalité bien plus complexe, par ses subtilités et ses minuties, qu’il n’y paraît.
Steve Argüelles poursuit ainsi dans la voie qu’il a élue et inventée, avec une constance et une déterminations rares : ouvrir au traitement sonore une voie impressionniste, une voie de l’écart patient et de la vibration par juxtaposition des motifs, inventant cette musique non comme un ensemble de fulgurances déconstruites mais comme « celle qui vient à pas légers », comme le dirait Jacques Réda : une musique souple, feutrée, qui lie à elle l’auditeur d’un lien invisible, mais indéfectible.
Chroniqué par
Mathias
le 04/06/2006
