En suivant le parcours de
Zenzile, aussi bien discographique que scénique, il était bien évident que la tendance rock dub paraissait inévitable, tellement inévitable que la venue de cette galette m’inspirait un néant complet.
Modus Vivendi avait des titres largement rock, disposition qui d’ailleurs imprégnait ma petite voix intérieure d’un priori fortement nauséabond. Un nouvel album de
Zenzile ? Une humeur musicale scabreuse me tentait déjà de refourguer le paquet à un collègue pour s’occuper de la besogne tout seul.
Vous avez dit con ? Je me présente.
Dès les premières minutes d’écoute, la surprise fut grande, mon a priori fut brulé au butane et ma bassesse d’esprit flagellée par le coup de fouet que
Meta Meta m’a mis.
Loin de ces influences,
Zenzile présente son premier album sound system. Et c’est une électro racée que nos angevins ont expérimenté. Mais attention, le travail est loin d’être cliché, stéréotypé et complètement formaté.
Zenzile nous a toujours habitués à son côté créatif, personnel et en marge de tout ce qui se faisait – aux origines bien évidemment – avec son magnifique
Sachem in Salem et même plus tard avec
Totem.
Meta Meta est une retranscription de leur sensibilité musicale dans des morceaux sereins, flirtant très nettement avec le downtempo, l’ambiance cinématique, le tout empaqueté avec un dub – pas toujours perceptible – à fleur de peau, sensible, favorable aux déambulations bucoliques et naturelles.
Leur ouverture culturelle est toujours de mise puisque le groupe, habitué à avoir un entourage métissé et multiculturel, se voit rejoint par la chanteuse
K-Rol Gola (déjà là sur
Sachem In Salem). Elle susurre un délicieux spoken word délicat sur
Akiko, berceuse envoûtante par son beat downtempo.
Meta Meta s’offre sur son introduction magnifiquement aérienne, la voix de
Loredana Lanciano. Elle exerce plus précisément dans la world italienne. La symbiose des deux entités pour
Minorities est palpable. Dernier invité : l’éternel violon de
Cello s’entend ici ou là mais il a le privilège de conclure par un morceau de violon très beau, surtout mélancolique, comme à son habitude, encensé par l’électronica de Zenzile.
Meta Meta est un album surprenant. Surprenant, au point que certains tracks passent pour de pures perles de techno dub minimal,
Bass Tone et
No wave. Ce penchant germano-autrichien est bien le dernier style auquel on pouvait s’attendre de la part des
Zenzile. Et pourquoi pas ? Classe, soignée mais pas majoritaire, l’approche minimale est quand même un grand pas (salutaire ?) qui montre que les angevins sont des grands et ont encore envie d’évoluer, de ne pas rester dans le carcan dans lequel le groupe a dû, à un moment ou un autre, être presque emprisonné.
Leur amour pour l’Afrique devait être symbolisé dans
Meta Meta, en particulier dans l’afrobeat de
Mille francs Mille francs. D’ailleurs, tout au long de l’album, des sonorités du continent sont camouflées, donnant la chaleur à cette électro, souvent penchant en faveur de la froideur urbaine.
Zenzile Sound System s’impose comme une vraie surprise. Dans le sens où rien ne pouvait laisser entendre qu’il testerait ce nouvel axe pour continuer leur aventure dub, quelle réussite !
Les fidèles, amoureux du son que procurait
Zenzile sur
Modus Vivendi, vont peut-être y voir une sorte de trahison. Passez outre ! Les expérimentations donnent le droit à toutes les folies. Ici, ça n’en est pas une puisqu’elle est purement et simplement géniale. J’ai même honte de vous gâcher la stupéfaction. Foncez !
Chroniqué par
Kiteklat
le 15/05/2006
