La musique de
Geir Jenssen s’est toujours caractérisée par une relation de transparence absolue entre le paysage et les constructions sonores. C’est justement cette transparence, cette limpidité qui a permis à cette musique d’échapper à l’écueil de la bande-son pour film imaginaire ou paysage boréal – contrairement aux clichés les plus tenaces qui courent sur
Biosphere. Ici une batterie récurrente et particulièrement attachées aux rythmes ternaires et aux cymbales prodigue quelque ouverture vers une rythmique jazz, un swing discret.
Oui, la musique de
Biosphere est immersive mais elle n’est ni visuelle, ni descriptive. Elle est plutôt le vecteur souple d’atmosphères qui ne sauraient exister autrement que sous la forme très particulière de cette musique que l’on qualifiera d’ambient par facilité, mais qui est toujours en excès face à ce qu’entend proposer l’ambient.
Si elle doit être rattachée à une expérience concrète de l’espace, la musique de
Biosphere porte la trace des lieux où elle est née plus qu’elle n’est transcription musicale de ces lieux. Cette distinction est importante, qui rappelle que la musique n’est pas secondaire, comme un pont vers l’image, mais qu’elle est ici toujours première et dernière.
Les titres, qui font office de notes de pochette et d’intention tant ils sont clairs, semblent à chaque fois décrire un phénomène atmosphérique ou naturel – moins parce qu’il a été observé que parce que la musique est née à l’intérieur de celui-ci. La musique de
Biosphere est ainsi faite qu’elle porte toujours une attention infinie à ces conditions de possibilité, à l’espace, à la durée, au lieu et au temps qui la voient naître. Et si les compositions de
Dropsonde ne portent pas toujours la singularité des productions précédentes de
Biosphere, si leur pouvoir d’envoûtement leur fait parfois défaut, soyons certains au moins que cet album poursuit l’art unique que s’est inventé
Geir Jenssen.
Chroniqué par
Mathias
le 12/04/2006