Ayant investi, dès les années 1960 au sein de
People Band, ou ensuite d’
Alterations, le champ musical improvisé de manière plus qu’acharnée,
Terry Day remettait ça en solo entre 1978 et 1981. Usant à l’envi du re-recording, passant d’un instrument à l’autre, il fabrique selon une méthode aléatoire une trentaine de piécettes braques et insouciantes.
Inaugurant sa sélection par un morceau de bravoure lyrique pour piano détourné (
Piano 1),
Day décide de concilier l’expérimentation revendicatrice (
Drums / Altos / Balloons,
Theme Continued 2), l’exécution musicale frénétique et expiatoire (
Bamboo Solo,
Alto With English Plastic Reed,
Alto / Cello / Drums), et les plages récréatives.
Au compte de celles-ci, un jeu extravagant de chansons déraisonnables :
Be A Good Boy (en compagnie du guitariste
Peter Cusack), rengaine punk plaidant la cause de l’enfance,
It Ain’t My Cup of Tea, blues rock enragé qui rappelle certains morceaux de
Daniel Johnston et devine le sort que destinera
Eugene Chadbourne à la chanson country, ou
Eaters (aux côtés du saxophoniste
Davey Payne), qui résume presque à lui seul l’ensemble des peu sérieuses intentions d’
Interruptions, au son de « Hello, Hello, Hello, Hello, And Goodbye Quick ».
Répéter le même enthousiasme à n’en faire qu’à sa tête, avant de tourner rapidement les talons. Or,
Terry Day compte aussi sur l’assouvissement apaisé d’
Oriental Theme 1, le charme complexifié d’
Oriental Theme 2, l’incantation déconstruite d’
Imperfection, ou la grâce ramassée d’un concert de flûtes et de violoncelle sur
Eric, pour aménager à destination de l’auditeur des plages reposantes. Indispensables à une meilleure compréhension de la folie ambiante autant que liants efficaces d'un projet solo plus que licencieux.
Chroniqué par
Grisli
le 11/04/2006