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Attestant des dispositions de
Lyons à endosser le rôle de leader, ces deux premières sessions révèlent l’identité saisissante du saxophoniste. Qu’il n’aura cessé de mettre en pratique, et selon d’autres façons encore.
Ce 9 avril 1981, par exemple. Où, en solo, il improvise et cite quelques standards en variant à chaque fois ses intentions (
Clutter), réconcilie la chute des graves et les accents aigus de son alto (
Never), ou défend des impulsions contre-nature avec un tact souverain (
Repertoire Riffin’).
Lorsque le saxophoniste renoue, trois ans plus tard, avec une compagnie, c’est pour l’initier à un free exalté et à un jazz savant. Assurés de tenir en place par la précision du batteur
Paul Murphy,
Lyons et
Karen Borca (au basson) installent alors un contrepoint syncopé (
Shakin’Back) ou vacillant (
Wee Sneezawee) avant de se permettre l’incartade de virulences éclatées (
Theme).
Qui vireront, en 1985, à l’acharnement. Sur scène, les mêmes, et le contrebassiste
William Parker. Free fortifié, plus que persistant, sur un autre
Shakin’Back, un autre
Wee Sneezawee ; déconstruction plus tempérée, sur
After You Left, plus proche encore de l’inédit à découvrir ; ou construction libre et complexe, sur le rythme sophistiqué de
Tortuga.
En guise de conclusion au quatrième disque, un journaliste interroge
Jimmy Lyons sur la difficulté de défendre sa propre musique quand on est le sideman attitré d’un musicien tel que
Taylor. La réponse, forcément difficile, laisse peu de chance au verbe. Qui préfère trouver ses arguments dans les enregistrements de
The Box Set, recueil averti de concerts sans failles.
Chroniqué par
Grisli
le 30/03/2006