Quartette emmené par le percussionniste
Jeff Arnal,
Transit défend sur son premier album une musique improvisée aux Etats-Unis, chargée pourtant de références européennes autant qu’elle s’attache à habiter le domaine réservé d’un jazz libertaire plus local.
Ainsi, c’est à
Sunny Murray que le jeu d’
Arnal fait d’abord penser. Conduisant un free jazz à l’ancienne sur
Cortelyou Q – comme plus tard sur
Der Blatt -, le batteur estime les charges à confronter des solistes : phrases répétitives du saxophoniste
Seth Misterka, quand la trompette de
Nate Wooley tient davantage de la folie introspective, voire, refoulée.
Pourfendeurs souvent d’une déconstruction en règle, les musiciens déposent une musique dite « réductionniste », cherchant avant tout à tempérer les gestes et mesurer leurs effets, soit, à courir sans cesse derrière l’épure (
Gowanus Canal,
Brick City Part 1). Moins convaincants ici, cependant, que lorsqu’ils imposent un thème plus vigoureux virant à la plainte enthousiaste (
Ditmas Park) ou une marche lancinante gonflée au contrepoint et aux harmoniques (
Brick City Part 2).
Alors, pour l’emporter tout à fait, reste à compter sur l’appui du contrebassiste
Reuben Radding. Toujours à propos, il arrondit les angles d’un archet courbe (
Ditmas Park) ou les aiguise, au contraire, au moyen de craquements et grincements décidés (
Sabbath Siren). Enveloppe, en un mot, une improvisation hybride qu’il révèle probante.
Chroniqué par
Grisli
le 29/03/2006