Plusieurs fois sideman de
Mingus ou
Muhal Richard Abrams, aperçu aussi aux côtés de
Sam Rivers ou
Miles Davis, le trompettiste
Jack Walrath remet cette année au goût du jour le co-leading. Conduisant avec l’aide du contrebassiste
Zé Eduardo un quartette qui réconcilie, au son de
Bad Guys, exigence et allégresse.
Rayonnants, les 4 hommes s’accordent sur les figures influentes partagées, évoquant
Monk sur un post bop affiné (
Simian Spring Song), reprenant
Mingus le temps d’un
Sue’s Changes alambiqué, ou appliquant la méthode adéquate à la gestion euphorique d’un groupe, à l’image d’autres leaders contrebassistes,
Ronnie Boykins (
Birds Fly Free) ou
Charlie Haden (
Sun Sol, air simulant le folklore, raffiné et apaisant).
Ailleurs, en compagnie du saxophoniste
Jesus Santandreu – qui aura adressé sur
Simian Spring Song un clin d’œil à
Coltrane -,
Walrath dépose un contrepoint sur un rythme latin arrangé pour s’emporter bientôt, et permettre ainsi quelques incartades free (
Belly up to the Bazaar). Virulence poussée encore sur
Prou de Misteri, histoire de défendre aussi une avant-garde repérable exclusivement en accès de fièvre.
En faveur du contraste, l’impression lâche et la valse branlante que sont
Novíssimos et
Realejo, drainés par le dosage concentré de
Marc Miralta, batteur qui, d’un bout à l’autre de l’album, aura fomenté en toute discrétion quelques étourdissements légers (
Birds Fly Free,
Sun Sol). Faits, au final, cause défendue par l’entier quartette, qui, pour avoir su multiplier les distinctions, signe un disque tout simplement supérieur.
Chroniqué par
Grisli
le 27/03/2006