Western Store ou les pièces majeures du back-catalogue d'
Isolée rassemblées à partir de différents 12" et mises à la portée du non-trainspotter. On y redécouvre
Rajko Muller dans toute la subtilité de ses affections minimales, d'esquisses précieuses et hypnotiques en chansons suaves (
bleu,
initiate II), d'une electro-funk détournée (
I owe you remix à un excellent remix fruité du hit
Beau mot plage par
Freeform Five. Avec toujours, cette marque singulière, l'acupuncture d'un groove ballotant, des éclosions et des claquements en guise de rythme, d'un bout à l'autre d'une panoramique envisagée avec un scientisme dub.
S'il faut se risquer à des comparaisons avec le récent
We are monster, on remarque une double différence : les sonorités sont moins accrocheuses, tandis que les constructions, plus linéaires, droites et répétitives dans l'ensemble (oubliez ce que vous savez de ses habituelles déroutes et continuels décalages) agissent comme de rassurants repères pour que s'opère une transe cérébrale. Avec une espèce de délicatesse inimitable,
Isolée travaille minutieusement dans l'antichambre de l'electro-house à faire groover des raclures (
King Off), effleure de la préciosité sans y toucher vraiment, tend moins à la sophistication que vers une certaine grâce, un micro-charme limpide et fluide sans cesse réitéré.
On se méfie souvent à juste titre de ce type de retrospective, mais force est de reconnaître qu'en l'occurence, c'est tout juste leur relative discrétion qui assimile les morceaux réunis à des b-sides. Il arrive, dans le coeur abstrait voire trippy de ce disque, que l'on oublie tout à fait que le morceau a commencé un jour, et qu'il doit connaître une fin. Aussi doué pour aménager ce genre de lieu de perdition électronique que pour concoter des tracks sautillants, ludiques et évolutifs aux faux airs de bibelots-gadgets,
Isolée a toujours su se préserver une personnalité persistante, des qualités de sensualité, d'intelligence et d'équilibre, qui dans un contexte de vogue des autoroutes minimales indifférenciées, résonne de façon plus attrayante que jamais.
Chroniqué par
Guillaume
le 26/03/2006