Articulé autour du trio
Steve Kuhn (guitare, chant) /
Kyle Conwell (basse, chant) /
Keith Andrew (batterie),
The Tall Ships survole les 20 dernières années de l’histoire du rock, et enveloppe l’ensemble d’un peu de nouveauté.
Paint Lines On Your Glasses Look Up At The Stars And Play Them As Notes, ou le refus d’un réchauffé rock devenu d’un commun bourgeois.
Si les références dont on use ici ne datent pas d’aujourd’hui, elles proviennent d’un hier encore proche. Les constructions alambiquées et l’interprétation baroque (trompette et euphonium parfois invités) rappelant l’écurie Sub pop de
Zumpano ou
Eric Matthews (
Faith of My Stars, Deconstructing Company) ; les arrangements adressant ailleurs quelques clins d’œil à
Swell (
Repeat The Pattern) ou
Drop Nineteens (
Darling Dawns).
Pour ce qui est du rapport de
The Tall Ships à la modernité, il faut reconnaître qu’à défaut d’être original, il est d’un stylisme post-rock (école de Chicago) convaincant : structures musicales parties d’une boucle répétée (
Deconstructing Company,
Post Literate), tracé d’une frontière commune au rock et au jazz (
For Your Bird…), production claire privilégiant les cordes de la guitare, de la basse ensuite.
Pêchant quelques fois par excès de confiance en des titres d’une richesse relative (
The Sound of Shaking,
3rd Sound Helium),
The Tall Ships est aussi capable d’écrire et d’interpréter, majestueux, une berceuse éraillée virant valse d’une saveur rare (
Throw Out The Tounges), ou de changer les ruptures de rythmes qu’ils affectionnent en autant d’éléments de doute et d’enrichissements. Et voici que les groupes donnant dans le revival béat ont trouvé leur véritable place : celle de faire-valoir du savoir-faire-mieux de
The Tall Ships.
Chroniqué par
Grisli
le 08/03/2006