Arek Gulbenkoglu est équipé de guitares acoustiques et amplifiées mais, tout en réduisant son jeu à une forme d’extrême limite du rien, il inscrit sa musique dans un triangle mouvant dont le troisième point est la variable qui donne sa vie à l’équation : le guitariste, sa guitare, et comme troisième terme soit l’auditeur, soit les enceintes elles-mêmes.
Arek Gulbenkoglu ne conçoit pas sa musique sans espace, sans diffusion, sans publicité : c’est là qu’il touche à l’improvisation, en dépit du statisme radical de sa musique.
Des notes de guitare jouées avec parcimonie, quelques chuintements, des sons décharnés jusqu’à donner des notes pures dont la stéréophonie induit de curieux effets psychoacoustiques (l’impression que le son se déplace) :
Arek Gulbenkoglu est probablement l’un des seuls musiciens pratiquant le mariage improvisation guitaristique et ordinateur à ne pas user de la grande teneur en harmoniques du son de la guitare et, au contraire, à pousser la guitare dans des retranchement qui la mènent à ce qu’elle n’est pas : un générateur de souffles (
Points 1), de sinusoïdes pures (
Points 3), un instrument percussif (
Points 5).
Que la musique soit pure affaire d’ondes sonores, c’est un peu la conclusion qui se dégage de l’écoute de ce disque, au-delà de l’austérité ascétique avec laquelle
Arek Gulbenkoglu poursuit son entreprise de musicien. En chemin, le long de cette ligne de points solitaires qui dessinent de vagues constellations muettes, la musique s’est dépouillée de ses affèteries et de ses affects. Un investissement émotionnel et humain devient alors difficile, qui entame un tant soit peu cet exercice abstrait et difficile et risque d’égarer en chemin l’auditeur nécessaire à l’équilibre du triangle et de l’équation.
Chroniqué par
Mathias
le 01/03/2006
