Après
Flux,
Encre nous revient avec un enregistrement live, à considérer selon le label comme un véritable nouvel album, bien que ne contenant aucun inédit : les sept compositions sont tirées pour une part d’une session radiophonique chez VPRO (Amsterdam), en 2004, les autres enregistrées lors de l’Oblique Lu Night à Nantes en 2002, mais la plupart ont été réécrites et réarrangées pour le live.
La carte du Tendre de
Encre nous offre un paysage vallonné de courbes charnelles marquées au fer rouge, de reliefs corporels pleins d’anfractuosités qui sont autant de replis secrets destinés au plaisir. Dans l’univers de crudité susurrée de Yann Tambour, les instruments aiguillonnent à vif les plaies du sexe et du désir. Batterie sous pression, bris et amples mouvements de cordes cyclothymiques (guitares, violoncelle), bribes d’une diction monocorde et animale qui murmure le tourment des sens et de la pensée, sont au cœur de ces enregistrements live, qui font sortir ces compositions familières de la pénombre de leur alcôve pour les mettre à la lumière d’une énergie électrisante, rock.
Les morceaux s’offrent ainsi sous de nouveaux atours ,renforçant l’impact de cet univers délicieusement singulier en déployant une capacité de résonance nouvelle chez l’auditeur..
Sur
Common Chords,
Foehn devient la pièce maîtresse de l’édifice, concentrant à elle seule toute la puissance d’une musique réellement physique, dans ses thèmes et dans sa matérialité même : c’est un organe gonflé de sève et sang qui se tend et s’épuise, s’étourdissant jusqu’au vertige dans ces contacts harmoniques, ces froissements de textures instrumentales abrasives, expulsant des mots sourds qui enroulent et enserrent, jusqu’à se confondre dans une même urgence de sensations mêlées.
Musique définitivement sulfureuse et entêtante, à écouter absolument
Chroniqué par
Imogen
le 23/02/2006
