Après avoir sorti moult vynils sur son propre label, Mouthmoth Records, entre 1999 et 2003,
John Charles Wilson, aka
Frog Pocket, sort enfin de l'anonymat en signant sur Planet Mu.
Gonglot rassemble nouveaux et anciens morceaux, l'écriture s'étalant sur six ans, sans pourtant rien enlever à la cohérence de l'album. Au contraire, ces douze titres nous transportent dans un univers unique, où les mélodies pastorales côtoient la déflagration sonore, sous fond de titres empruntant aux légendes de Tolkien.
Encore un de ces groupes qui abusent des sons cristallins pour mieux les déconstruire? Pas du tout, il existe chez
Frog Pocket une particularité rare : On dirait que sa musique est composée comme un concerto pour "beat". En effet, la place de soliste est ici réservée à la rythmique, souvent cantonée à l'accompagnement en musique. Mieux,
Frog Pocket invente un langage : ses beats hurlent, pleurent, évoluent perpétuellement, loin de la rigidité obsédante qui caractérise une partie de la musique électronique.
On en oublierait presque les enchevêtrements de cordes qui peuplent
Gonglot. Guitares et violons, joués par notre homme, constituent la majorité de ces accompagnements magnifiques, tellements fins et fragiles qu'ils offrent un contrepoint parfait à la rugosité de la rythmique. Loin de rester à l'arrière plan, les compositions mélodiques profitent d'éclaircies pour s'exprimer pleinement (
Follow Erol Raët,
Celebrimbor Tur-Anion), donnant ainsi à l'album toutes les nuances et la profondeur qu'on pouvait espérer.
Véritable magicien de l'électronique,
Frog Pocket réussit à créer une identité musicale forte, à partir d'ingrédients déjà largement explorés et utilisés (notamment chez
Aphex Twin, auquel il a été beaucoup comparé).
Gonglot n'en finira pas de vous intriguer et de vous enchanter, autant vous dire que le sevrage s'annonce difficile…
Chroniqué par
Rafiralfiro
le 22/02/2006