Que le hip hop old school ait encore quelques beaux jours devant lui, qu’il soit capable de fraîcheur et de renouveau,
Edan nous en avait déjà convaincu avec
Beauty and the Beat.
Termanology, accompagné de son lieutenant
DC à la production, réassène avec classe cette certitude. Et pas seulement parce qu’il est le protégé de
DJ Premier. Il suffit d’écouter
This Is Hip Hop, qui cite avec un naturel déconcertant
Lone Catalysts,
J-Live et
The Roots.
A l’heure ou le hip hop cède sous les coups de butoir furieux du crunk et du grime, il faut se demander ce qui distingue des MC’s comme
Edan ou
Termanology. A coup sûr un amour de leur musique, une fidélité qui les autorise à se tenir droit dans la tempête, à filer jusqu’à leur but sans que leur travail soit rendu caduc par le reste de la production contemporaine. Comme si pratiquer un hip hop si délibérément old school, si délibérément anachronique leur garantissait pour jamais de se tenir à l’écart de leurs pairs, dans un cheminement artistique qui, désormais, leur appartient en propre et ne sera cédé à personne d’autre. Petit jeu dangereux pour franc-tireur qui risquerait aussi de laisser sur le carreau qui s’y essaie sans le talent et la maîtrise nécessaire pour supporter à la fois le poids de l’héritage et celui de ses propres ambitions musicales, toute une frange de MC’s techniciens de la rime qui ne propose qu’un petit savoir-faire appuyé sur une connaissance du passé. Notre duo, merci pour lui, est passé à l’étape suivante, et propose des instrumentaux d’une classe incroyable, renouant avec des beautés simples oubliées depuis longtemps, rythmes élastiques, samples écoutés et découpés avec amour, choisis pour leur timbre et leur chaleur mélodique, couplé à un flow juvénile et souple à la fois, probablement à l’origine de l’élégance de cette musique, mais aussi de sa capacité à irradier en lumière matinale l’air dans lequel elle se diffuse : sur les titres les plus réussis de
Out the Gate,
Termanology parvient à réinventer pour un temps le hip hop old school dans ce qu’il a de meilleur à proposer, quelque chose, au final, de parfaitement impondérable, que je ne parviendrai pas à définir ici mais qui est comme un mélange d’élégance musicale absolue, de la même classe intouchable que les costumes d’
Andre 3000, d’ambiance urbaine focalisée sur la musique elle-même et dégagée des mythes ghettos désormais en vigueur. Une réussite rapologique qui défie les modes et l’air du temps.
Chroniqué par
Mathias
le 09/02/2006