On reprend bien volontiers contact avec le label Another Record, grâce à la sortie du premier album de
Odran Trümmel. Né de père néerlandais et de mère française, il a passé une partie de sa vie en Ecosse, mais réside désormais dans une bourgade tourangelle. C’est là, à Montlouis (le titre
Down Louishill s’éclaire) qu’ont germé les 13 morceaux qui composent l'album. Fort d’une expérience de multri-instrumentiste ayant bourlingué dans diverses formations , de la pop au jazz en passant par le « punk garage décadent » (dixit la feuille de presse), Odran est de ces musiciens qui peuvent s’offrir le luxe de n’avoir besoin de personne (si ce n’est l’appui d’un saxophoniste) pour créer de bout en bout sa musique.
Down Louishill impressionne ainsi en premier lieu par sa variété instrumentale qui donne de l’ampleur à des compositions fourmillant de sonorités. Loin d’être engoncé comme certains dans une posture de folkeux étriquée et misérabiliste,
Odran Trümmel nous offre une musique pop folk chaleureuse, jamais à cours d’arrangements malicieux. Le premier morceau est à cet égard significatif : Odran pourrait se contenter d’asseoir tranquillement son chant sur des percussions enlevées et une guitare grisante. Il ralentit au contraire brutalement la cadence, accentue la scansion rythmique et c’est comme un nouveau morceau qui commence. Un deux en un jubilatoire, représentatif d’une certaine complexité qui réussit le tour de force de ne jamais s’afficher comme telle. Au contraire, il règne une grande fluidité dans cette musique, portée par une évidence lumineuse et une légèreté qui suscitent l’adhésion de l’auditeur.
Acrobate doué, Odran rejette les figures imposées, préférant jongler librement avec les parties de guitare, ukulélé, percussions, ou encore harmonica et guimbarde (j’en passe). Une adresse qu’illustre parfaitement l’entraînant
My brand new disguise, l’imparable
The Intruder, le frénétique
Sitting on a Powderkeg .
Sur certains morceaux,
Odran Trümmel se pose et dévoile un versant moins extraverti, plus intimiste ou mélancolique, mais l’allégresse reprend vite le dessus. On ne boude pas notre plaisir lors de telles pirouettes musicales, ainsi le changement de cap surprenant de
The Weight of the Shade.
Avec de tels tours de passe-passe musicaux,
Odran Trümmel soulève sans peine notre enthousiasme.
Down Louishill est une jolie réussite, qui ravira les amateurs de musique acoustique inventive.
Chroniqué par
Imogen
le 31/01/2006