Premier volet d’une série consacrée au crunk, sous forme de disque qui aurait revêtu la fonction de magazine, ce
Crunk Magazine Volume One se consacre à Memphis, le berceau du crunk, phénomène musical en expansion manifestement croissante. Il regroupe donc un certain nombre de personnalités phares du courant, en même temps que leurs jeunes poulains, pour constituer une sorte de bible, d’horizon de référence de la diversité et de l’évolution du mouvement à ses origines.
Et
8Ball,
David Banner,
E-40 ou
Yo Gotti de se joindre à
Mr Sche,
Gangsta Pat,
Gangsta Blac ou
Al Kapone, sous la houlette de
Junior Alvarez, pour un projet qui se place dans la lignée des récentes compilations
Run the Road, sans en avoir pourtant la même nécessité, la même urgence. Peut-être parce que ces compilation collectaient essentiellement des morceaux diffusés sur des radios pirates, donnant un parfum d’illégalité et de subversion salutaire à l’entreprise. Peut-être aussi parce que le grime reste le mouvement d’origine, le genre nucléaire d’où découlent tous les autres genres apparentés, crunk, baile funk et consorts, le premier art brut et renouveau véritablement collectif des sources du hip hop, la première lame de fond d’un tsunami à événements multiples.
Qu’à cela ne tienne, on ne fera du crunk un sous-genre du grime, ou un pseudo-avatar. Les jalons sont posés ici pour définir une identité suffisamment forte pour être autonome : flow staccato, braillements alcoolisés, mise en boucle obsessionnelle, ressassements des thèmes chers au
dirty south, rythmiques up-tempo mécaniques et violentes, sonorités synthétiques oscillant entre sophistication et épuration brutale privilégiant l’impact sonore à la beauté ou à la facture musicale. En attendant les prochains volumes de cette compilation, qui nous diront quel est l’avenir du crunk, ce premier essai devrait faire date - comme tous les premiers essais de mouvements forts.
Chroniqué par
Mathias
le 30/01/2006