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Jan Jelinek

: Komischer Pitch



sortie : 2005
label : Scape
style : Electronica

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Tracklist :
1/ Universal Band Silhouette
2/ Lemminge Und Lurchen Inc.
3/ Im Diskodickicht
4/ Vibraphonspulen
5/ Lithiummelodie 1
6/ Planeten In Halbtrauer
7/ Western Mimikry
8/ Morphing Leadgitarre Ruckwärte

Musicien jadis rompu aux exigences et aux rigueurs du click’n’cut, Jan Jelinek adoucit et assouplit sa formule avec Komischer Pitch, pour proposer une œuvre qui, si elle se veut toujours abstraite et laborantine, se dote à présent d’une pulpe sensuelle, une texture rugueuse, abrasive, patiemment conçue, montée et expérimentée à partir de samples d’instruments acoustiques (Vibraphonspulen), de textures de guitares psychédéliques, de larsens retraités.

Album-concept sans concept, album luxurieux bien plus que théorique, Komischer Pitch est le disque de la forêt, le disque dont le son procède directement de la touffeur d’espaces verts moites, inextricables, infinis. Album végétal et trans-genre, mais pas à la manière des précédents – qui organisaient un grand cross-over pêle-mêle entre soul, funk, jazz, pop, folk et j’en passe – celui-ci se dirige de constructions électroniques aux angles arrondis vers des pièces situées clairement dans l’esprit des pièces psychédéliques du kraut-rock (Can et Neu! au premier chef), lieu expansif, luxuriant, proliférant. Si quelque chose se déconstruit ici, c’est toujours dans la continuité, dans le flux et de manière subtile, ronde, dans l’entre-deux du tout-linéaire et du tout-fragmentaire : les guitares s’insèrent dans des trames biologiques souples, les percussions s’émiettent à la surface du son.

Album végétal parce qu’il se développe dans la lenteur, faisant éclore ses bourgeons un à un, selon une attention infinie à leur vie singulière, leur vie propre : l’artiste végétal, celui qui considère chacune des feuilles de son jardin comme une entité unique pour laquelle inventer un nom singulier est nécessaire, écoute ses plantes, la vie secrète de leurs ramures, leur langage inaudible. D’où le rythme indécidable de ce disque, clairement abandonné à une croissance arborescente impersonnelle, à la qualité propre des textures choisies : comme si à chaque texture correspondait une boucle, un temps pulsé bien précis avec lequel la texture est organiquement en accord, ce temps étant lui-même en accord avec l’arbre à huit branches qu’est Komischer Pitch. On dirait alors que Jan Jelinek a abandonné les grandes villes et la volonté inhérente à l’artiste urbain de se situer au cœur de la modernité de ces villes, dans leur ultra-contemporanéité, pour se retrancher dans la solitude des bois : abandonner les avant-postes de la musique pour naviguer dans ses marges, hors du temps, hors du tumulte du monde et des manifestes musicaux (exit donc, pour Jan Jelinek le click’n’cut qui fédérait comme un nouvel étendard jamais vu auparavant tous les musiciens électroniques il y a de cela quatre ans), beau projet qui est sûrement celui de la maturité. Quelque chose qui ne renie pas le passé du musicien mais qui lui ajoute une nouvelle dimension, celle de la durée, désormais assuré de sa complète solitude à l’intérieur de son projet. L’avenir dira s’il a fait le bon choix – en attendant, ce disque chapeaute avec beauté la discographie de l’artiste.


Chroniqué par Mathias
le 20/01/2006

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