Voilà des retrouvailles plutôt surprenantes. Après un premier album sorti en 2001 sur F-com largement tourné vers l’electronica,
Readymade opère un retour sous un patronyme légèrement transformé. Jean-Philippe Verdin a en effet choisi de se muer en un mystérieux
Readymade FC. Un nouveau baptême qui s’accompagne d’un virage clairement pop, même si l’électronique n’est pas tout à fait absente de ce
Babilonia.
Ouverture idéale,
Circus et sa mélodie légère et minimaliste permettent de pénétrer en douceur dans l’univers de l’album Esquissant un art de la ritournelle qui flirte habilement avec l’easy-listening,
Readymade FC n’en oublie pas ses racines électroniques, présentes par bribes légères.
Barefeet propose lui un habillage plus résolument synthétique, construit autour d’une boîte à rythme métronomique, renforcée par une ligne fugitive de guitare acoustique. En deux titres déjà, Jean-Philippe Verdin impose un savoir-faire mélodique imparable, allié à une élégante subtilité dans ses instrumentations.
Snow lion donne l’occasion de retrouver la voix de la Canadienne
Feist, mais permet surtout d’élever encore le niveau de l’album. Virant vers une atmosphère plus mélancolique, ce titre rappelle une
Björk revenue à des arrangements moins chargés – une harpe isolée qui dicte la mélodie au compte-gouttes – ou encore, dans sa seconde partie, le folk lunaire d’une
Beth Gibbons – où le chant de
Feist s’emplit d’une certaine gravité, épaulée par des chœurs fantomatiques. Autre participation attendue, celle de
David Sylvian. L’ex-chanteur de
Japan – auteur par ailleurs d’une carrière solo qui force le respect – prend superbement ses quartiers sur l’inquiétant
A fire in a forest. Construit autour de boîtes à musique minimales et d’une rythmique concrète, le morceau sert superbement d’écrin au timbre habité du personnage. Enfin, on ne peut qu’être surpris par la troisième voix qui s’invite ici. Inconnue de nos services,
Yael Naïm affiche sur son CV une participation à la meringue biblique du tandem Obispo/Chouraqui,
Les Dix Commandements. Pourtant, la prestation de la jeune femme n’a rien ici d’un insupportable numéro de chanteuse à voix, mais oscille subtilement entre soul retenue et incantations éthérées (
Slide), avant de se muer en fragile et mutine chanteuse de cabaret (
The only one).
Mais ces trois duos réussis ne doivent pas faire oublier le rôle prépondérant de Jean-Philippe Verdin dans la réussite de cet album, orfèvre d’une recette electro-pop magique. Ses compositions marient à merveille les influences, pour accoucher d’une formule pop élégante et érudite, à la légèreté miraculeuse pourtant. Entre folk (
Time machine,
The last time) et electronica (
Not), il parvient à trouver l’équilibre, s’offrant le luxe de faire cohabiter les cow-boys de l’artwork avec une modernité toute électronique, jusqu’à s’offrir une valse tendrement vieillotte comme conclusion à ce séduisant
Babilonia.
Chroniqué par
Christophe
le 11/01/2006