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Barry Weisblat - Alfredo Costa Monteiro - Ernesto Rodrigues

: Diafon



sortie : 2005
label : Creative Sources
style : Musique improvisée / Musique électro-acoustique

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Tracklist :
01/ Diafon

Diafon, comme si l’on voulait diviser le son jusqu’à l’aphonie : ne pas imposer un silence, mais un son ténu qui serait comme une scission de l’espace sonore, son démembrement, sa torsion. Pas scinder ou démembrer le son, vraiment : l’espace sonore, les conditions de possibilités de la musique. Projet à situer entre une pratique de la déconstruction telle que l’a voulue Funkstörung et le sado(-masochisme) sonore de Merzbow avec, au milieu, les expériences de démolisseurs du crew Ground Zero, tentative de tout abattre pour réinventer un art moins-que-pauvre, un art en guenilles, qui se tient à peine debout tant ses couches superposées de sons s’écroulent les unes après les autres vers un point zéro jamais atteint.

La filiation de ce trio composé d' Ernesto Rodrigues (le boss du label, au violon et aux platines amplifiées), du new-yorkais Barry Weisblat aux machines et de l’accordéoniste Alfredo Costa Monteiro (ici aux platines amplifiées également) avec Ground Zero est pour le moins explicite, puisqu’on a droit aux traditionnelles platines sans disque (ou plus précisément, une platine et un bras sans sa platine) et que le son produit pas les saphirs ne cessent de produire un bouillonnement de fond, sorte de parasite d’abord gênant, confortable ensuite, sur lequel viennent tantôt se lover, tantôt se greffer les micro-phrases d’un violon, les sons de synthèse des machines ou divers objets qui grincent, s’étirent, se tordent, se compressent : ici, le mouvement des choses les plus concrètes est devenu son, le son est devenu mouvement. Des dynamiques élémentaires sont ainsi mises en œuvre, quelques fusées lancées en l’air, quelques flammèches qui se crispent en se consumant.

Un terrain zéro, donc, pour ce disque large et plat comme un désert, sorte d’enregistrement sismographique à la platine de paysages fossilisés dont la surface toujours changeante et pourtant d’une aridité sans pareille se craquelle ici et là de micro-sons, de bruits parasites d’objets divers, de stridences arrachées à un violon aigu et analphabète. D’une certaine façon, les étendues sonores dont accouche ici le trio rappellent celles de Murcof, pour l’aridité, avec pourtant des moyens radicalement divergents. Quand Murcof dirige son travail vers la mémoire, l’anamnèse, dans une sorte de nostalgie sans fin, à la recherche de bribes de vies passées, Weisblat, Monteiro et Rodrigues aboutissent à un décentrement de la musicalité vers le toucher, la tactilité (sentez comme certaines des sonorités viennent gratter à l’intérieur de votre corps) et par conséquent, à l’impossibilité de savoir quoi que ce soit en matière de musique : comment en jouer, comment en écrire, où se diriger à l’intérieur de celle-ci. D’où probablement, ces torsions permanentes de l’espace sonore, manière vaine de s’emparer d’un objet toujours en fuite.

Alors si quelque chose demeure quand tout est consommé, consumé, c’est peut-être la possibilité d’unir ses efforts désespérés en une seule voix, celle d’un trio qui, manifestement, joue à l’unisson pour faire de la diversité des sources sonores convoquées ici un seul et même timbre, dirai-je, faute de mieux.


Chroniqué par Mathias
le 03/01/2006

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