Membre du furieux trio
Switters, le batteur
Francesco Cusa n’a pas le temps de retrouver son souffle qu’il s’engouffre en quintette dans l’interprétation de ses propres compositions. Passer de 3 à 5 ne lui suffisant pas, le voici convoquant 4 acteurs à l’élaboration d’un concept album sombre et dérangé :
Psicopatologia del serial killer.
Là, au-delà de la noirceur du thème, on impose un jazz hardcore convaincant, servi par les basses de guitares, trombone et saxophone ténor, dont se sont emparés des musiciens psychorigides. Les interventions saccadées accélèrent sans cesse le rythme virulent installé par le batteur, rappelant ici la musique du
Gorge Trio (
Blatta) ou là la chaleur plus rassurante d’une phrase appuyée de
Ken Vandermark (
Nonsense).
Telle ambiance délictueuse accueille la voix perdue d’une jeune femme, telle autre le râle des agresseurs. Car
Cusa a préféré restreindre le nombre des victimes, et multiplier celui des vicieux. Les gestes ou les phrases, tout répète la prolifération des violences : complaintes assenées à coups d’unisson (
Psyco Jogging) ou bas-fond obscurcis encore par les dérives free (
Dr. Akagi), dans lesquels se terminent les courses que suggèrent des contrepoints rapides (
Buzzati’s Capture).
Haletant, le parcours, qui mène des premiers pas du rôdeur à d’étranges bruits de découpe. Et que
Cusa aura révélé au son d’un répertoire fantasque et torturé, oscillant toujours entre jazz et rock exalté, pour, au final, enfoncer plus profond la lame que d’autres que lui avaient laissée dans le corps.
Chroniqué par
Grisli
le 31/12/2005