Le classicisme de la pochette en noir et blanc, laissant voir une belle jeune femme assise sur le tabouret de son piano, posant, tête renversée en arrière, à côté de son instrument, reflète assez bien le contenu de cet album. En effet,
Choreography meut des figures musicales parées d'un romantisme nu, chansons délicates portées par une sobriété organique réhaussée parfois d’effets numériques.
Ne s’en tenant pas à un simple duo piano-voix, les compositions offrent un espace d’expression bienvenu aux instruments : batterie qui bat la mesure (tristesse languissante) des morceaux, orgues, guitares, orchestration de cordes (
Out of the sky, into the sea)entre autres.
Tout ceci ne manque pas d’une certaine grâce, mais
Lauren Hoffman construit autour de sa jolie voix des atmosphères qu’elle tisse de fils musicaux un peu trop prévisibles :
As The Stars manque de singularité pour nous accrocher .
Ghost you know, qui tente une escapade vers un univers plus électrique (gentillet toutefois), bien que plus efficace, ne nous emballe pas complètement. Quant à l’ambiance trip-hop de
Another song about the darkness, elle nous laisse de marbre.
On le regrette, car cet album possède par instants de quoi franchement séduire (ainsi
Solipsist, morceau de pop plus électrique et tendue) mais on a du mal à accéder à une autre dimension d’écoute que celle, polie mais un peu indifférente, que l’on adopte bien malgré soi. Peut-être est-ce à cause de ces compositions qui, particulièrement en début de disque, manquent de caractère, et peinent à nous faire succomber. On retiendra cependant avec enthousiasme
Out of the sky, into the sea, qui marque précisément par ce qui fait défaut à certains morceaux : des arrangements de cordes plus audacieux, un chant qui se libère, une personnalité qui commence à s’affirmer, tendance à un son plus étoffé qui se poursuit ensuite sur
Reasons to fall et sur
Love gone wrong, qui lâche la bride aux cordes (guitare et violons). Se mettant plus en danger vocalement, la jeune femme réussit du même coup à nous surprendre et nous émouvoir.
Choreography possède de jolis moments, mais ils sont malheureusement rassemblés pour la plupart en fin de disque. Une qualité déséquilibrée donc, ce qui ne nous permet pas de réévaluer significativement notre enthousiasme pour cet album dans l’ensemble un peu trop lisse, qui aurait gagné à nous prendre à revers. Au lieu de cela,
Choreography sera pour les plus disposés un album plaisant, les autres resteront sur leur faim.
Chroniqué par
Imogen
le 30/12/2005