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Axel Dörner - Leonel Kaplan - Diego Chamy

: Absence



sortie : 2005
label : Creative Sources
style : Musiques improvisées / Musique électro-acoustique

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Tracklist :
01/ thasn´
02/ n´thas
03/ asn´th
04/ sn´tha

Absence, tient davantage du surcroît de son que de la déficience de matériau sonore : au cours des quatre plages anagrammatiques de ce disque, Axel Dörner (trompette), Leonel Kaplan (trompette) et Diego Chamy (percussions) n’ont de cesse de saturer, par intervalle, l’espace sonore : soit que les percussions deviennent frénétiques, pulsant de manière arythmique, bossuant l’espace d’écoute, soit que les trompettes sont poussées à leur point de surcharge, laissant les harmoniques déborder en stridences incontrôlables et monotonales, donnant lieu à de micro-pastiches de La Monte Young, soit que les très simples traitements dont ces instruments sont les objets distordent, altèrent ou corrompent le matériau d’origine.

Sur cette situation à quatre termes (deux trompettes, un jeu de percussions, le traitement sonore), identique le long des quatre morceaux de ce disque de quarante-quatre minutes (à ce stade, vous commencez à soupçonner, lecteur, une numérologie secrète mais bien visible au cœur de cet album), les trois musiciens (et le quatrième présent/absent, la machine) tissent quatre canevas à partir des mêmes motifs, et obtiennent quatre résultats semblables mais variables, où les motifs centraux (ces notes de trompettes tenues jusqu’à saturation mais qui se modifient en intensités de souffles et en micro-tons) sont subtilement déplacés, décentrés, recomposés, de façon à former des figures nouvelles où l’on entrevoit toujours, en chaque partie, le dessin d’origine. Et comme ce carré peut s’aborder indistinctement par ses quatre angles, il n’y a pas de dessin d’origine : de sorte que ce dernier, en réalité, est le carré lui-même, que l’on aperçoit tout entier quelque soit le point d’où on l’observe. Une aberration optique qui a de quoi désarçonner : la numérologie a bel et bien agi.

Quand je parle d’un dessin d’origine formé de quatre côtés que l’on percevrait entier dans chacune de ses parties, j’entends par là que ce disque, avec ces subtiles variations / anagrammes / palindromes à partir d’un même canevas, met à contribution la mémoire immédiate de l’auditeur pour la tromper : écouter chacun de ces quatre morceaux, c’est en développer une mémoire incertaine qui sera, lors de l’écoute des trois autres morceaux, à la fois confirmée et mise en doute à trois reprise, chaque morceau ajoutant un niveau de plus à ce processus de mémorisation / amnésie. De sorte que chaque écoute sera toujours simultanément écoute d’un présent et écoute d’un passé ou d’une mémoire réactivés, représentifiés. Dès lors que vous êtes pris dans ce diabolique piège mnémonique, vous pouvez chercher en vain l’ordre originel des lettres des quatre titres, reconstituer la figure, le mot d’origine désormais perdu, en vue d’une révélation qui ne viendra pas : une révélation absente. Et constater que vous tenez moins là un disque de numérologue que le rêve insensé de géomètres de la mémoire.


Chroniqué par Mathias
le 30/12/2005

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