SPUNK, le collectif féminin norvégien emmené par
Maja Ratkje (
Maja Solveig Kjelstrup Ratkje pour être exact – chant, électronique et theremin) sort son troisième album (traduction magique :
Une maladie absolument terrible) en exactement dix ans, toujours accompagnée de
Kristin Andersen (Trompette, violon et flûte),
Lene Grenager (Violoncelle),
Hild Sofie Tafjord (Trompette, flûte et électronique). Un line-up plutôt baroque pour ce disque-anniversaire issu d’un concert capté le 06 novembre 2004 à la Fabrikken, à Oslo.
Album qui n’est pourtant pas un live à proprement parler quand l’on pense à la volonté constante affichée par les quatre femmes de toujours dominer leur matériau, le réécrire, le dompter. Pas de reprise de morceau publié antérieurement sur ce disque, pas de réécriture de l’œuvre passée, simplement le souci de lancer au public norvégien des improvisations pour le moins débridées avant de les rattraper au vol pour d’intenses sessions de révision encloses dans les huit morceaux de l’album. La réécriture toujours dirigée en avant.
Dans ce disque court (on s’en doutait), pas de temps à perdre : tout va très vite, et l’album enchaîne fulgurances et fusées sans laisser d’espace aux recoins et aux dépressions. Tout est relief proéminent, selon la courbe ascendante d’une exultation sonore réjouissante à écouter, tant elle refuse de laisser ne serait-ce qu’un seul instant de répit à ses auditeurs. Violentés, secoués, trimballés dans toutes les directions que permet l’espace (et quelques unes supplémentaires, tant la surprise est omniprésente), nous voilà littéralement aplatis au bout de trente sept minutes, comme des poupées de chiffons vidées de leur bourre.
Pour en sortir, en définitive, stimulés, à moins d’être définitivement réfractaires à tout geste free et/ou bruitiste : car ce qu’il y a à retenir de
SPUNK, en plus de l’énergie rare manifestement déployée à chaque seconde, c’est une capacité à se jouer de tous les écueils possibles d’un pareil exercice avec humour et brio, que ce soit l’hermétisme délibéré et gratuit, le trop de sérieux, et une certaine codification des geste qui veulent refuser les codes. Dans un esprit potache et iconoclaste à la fois, arty tout en restant sincère, le quatuor des dames prouve qu’il en a – quoi ? Du talent bien entendu !
Chroniqué par
Mathias
le 20/12/2005