Depuis
Charlie Parker, de nombreux musiciens ont compté sur l’apport d’une section de cordes pour envisager autrement le jazz. Aux sérieuses intentions du Third Stream s’opposent les tentatives sincères de
Clifford Brown,
Julius Hemphill ou
Arthur Blythe, et plus récemment, celle à moitié transformée de
Sonny Simmons. En 2002,
David Murray se frottait en quartette –
Lafayette Gilchrist (piano),
Jaribu Shahid (contrebasse),
Hamid Drake (batterie) – à l’expérience.
D’ambition plus affirmée, son
Waltz Again nécessita la compagnie d’une dizaine de musiciens classique. Allant et venant sur le free introductif de
Pushkin Suite #1, ils suivent les arrangements réfléchis de
Murray, prenant tour à tour la forme de boucles lancinantes ou fantasmant l’intervention vagabonde d’un grand orchestre égyptien. Le long de 7 mouvements, le quartette hésite cependant sans cesse entre les attaques cinglantes et une démarche plus lyrique. Un accent de
Prokofiev fait ainsi suite à une bande deux fois originale de film noir, les accents retenus de
Drake ouvrant le passage aux progressions affreusement romantiques du piano.
Plus naïf dans sa forme,
Waltz Again renoue avec la fraîcheur des premières expériences, et dépose un swing charmeur qui contraste avec l’efficacité recherchée plus loin dans le calcul d’un saxophone à l’unisson des cordes (
Dark Secrets). Le discours grandiloquent gagne ensuite
Steps – où les nappes de violons sauront bientôt motiver
Murray à renouer avec ses capacités reconnues d’improvisateur -, avant de perdre totalement
Sparkle, morceau jouant d’envolées faciles sur l’accompagnement d’un
Gilchrist capable seulement de convenance.
Waltz Again de décevoir, au final. Apte à surprendre ici ou là, voici les quelques trouvailles rapidement mises à mal, et pas seulement par les parties de violons et violoncelles. Loin d’être les seuls à instiller un brin d’affectation, changé bientôt en pompe suffisante. De jazzmen qui suivent la partition pour ne pas perdre leurs partenaires venus d’ailleurs, et en rajoutent jusqu’à les surpasser bientôt en politesse stérile.
Chroniqué par
Grisli
le 20/12/2005