David Green dans son dernier album
Brain Refresher comptait-il rafraîchir certains esprits trop sclérosés d’avoir écouté trop de tekno facile ? Une chose est sûre, il souhait réaliser dans cette production de la crew
Infrabass une tekno punchy, festive, sortant des actuels sentiers battus. Si on pouvait se téléporter dans le temps et vivre les premières soirées des
Spirals, on constaterait que le son faisait jumper et sourire un public propice à la fête. Comme un retour aux sources,
David Green a créé une tekno hardstep revival habilement orchestrée pour les nostalgiques, inattendue pour la nouvelle génération.
Tout au long des sept pistes, cet ingénieur son reconverti puise son inspiration dans les films d’auteur méconnus, pour y dénicher des samples originaux. Dans
Try to sleep, on y découvre une ambiance urbaine, avec le bruit des hélices d’hélicoptères, de sirènes de voitures de flics, ou d’une foule malmenée. Le kick intervient sans que l’on s’y attende à 4 minutes 36. La dureté de la basse, ralentie et saturée à souhait, tranche radicalement avec les boucles stridentes down-tempo en back-ground. Puissant et hypnotique, on comprend pourquoi ce morceau a été enregistré à l’issue de la fameuse soirée au parc des expos de Bordeaux en 2004 – 30 000 personnes, ça calme –.
Rythmiques hip-hop ou jungle, florilège de scratch, échantillons de sons distordus ou travaillés en reverb, la combinaison de ces éléments donnent une identité musicale parfaitement reconnaissable. Parmi ses meilleurs morceaux, citons
Cancer, track hydride à mi-chemin entre la drum’n’bass et la hard-teck, aux allures d’un big beat psychédélique. Dès la première seconde, la basse claque net sur les pistes pour laisser les caisses claires, cinglantes et lourdes, s’enchevêtrer dans des nappes acidulées. Dans l’esprit de
FKY ou
69 dB,
John Record et
Brain refresher juxtaposent charleys énergiques, vrilles sifflantes et basse tribe. Au final dans
Mon plat favori, l’artiste blésois accélère le kick, intensifie simultanément les aigus et les graves, injecte des sons indus, comme pour faire un clin d’œil à sa patrie musicale de naissance, le punk.
L’émergence du mouvement tekno et les quantités faramineuses de production hard-teck ne facilitent pas la tâche des artistes souhaitant sortir du lot. Ce style, que certains pourront qualifier de linéaire, impose alors à chacun d’eux une nécessaire remise en question.
David Green a bien compris qu’il ne fallait uniquement savoir placer les patterns sur le séquenceur, mais créer une musique à contre-courant et dont le mot alternatif prendrait tout son sens. Sa musique, sans avoir la prétention d’être engagée, amène l’auditeur à se lâcher sans prise de tête et c’est sûrement cela avoir l’esprit free.
Chroniqué par
Lilo
le 01/12/2005