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Cal Crawford

: Sitting on Theories on the Frontier on Extension



sortie : 2005
label : Squint Fucker Press
style : Musique Expérimentale

achat/téléchargement

Tracklist :
01/ Track 1
02/ Track 2
03/ Track 3
04/ Track 4
05/ Track 5
06/ Track 6
07/ Track 7
08/ Track 8
09/ Track 9

Amateurs de musique expérimentale, si vous croyez avoir entendu tout ce qu’il est possible de tirer d’un son, avoir assisté à toutes les expériences imaginables, attendez-vous à repousser un peu plus loin les limites, avec ce disque qui parvient à des distances, des profondeurs probablement rarement atteintes dans ce qu’on nomme « musique expérimentale ». De ce point de vue, ce disque est excessif, et ce malgré sa minimalité radicale : la minimalité y est en excès.

L’objet : neuf plages chacune assez longue, très souvent silencieuse, chargée ici et là de bruits blancs ou d’un son qui évoque le souffle du vent dans un micro. En réalité, le site de Squint Fucker Press nous apprend qu’il s’agit de sons générés par des pressions diverses sur le micro, par l’eau, le souffle, la chaleur aussi, les vêtements, la peau et même un tas de couvertures. Lorsqu'on monte le volume pendant les zones silencieuses, à la recherche du son soudain absent, on entend dans la microscopique ténuité résonnante tapie au fond du mix quelques chuintements, résidus d’une vie sonore réduite à son presque rien. Un atome de moins et l’on tombe dans le silence complet. Une musique à l’échelle de l’atome, en quelque sorte. Toute la musicalité développée par le disque tient à cette microscopie, cette micro-audibilité ou micro-auricularité, à la limite du silence, au bord du seuil entre ce qui est et ce qui n’est pas : un son caché dans des territoires interdits, zones d’où on ne pourra pas le débusquer. Presque rien, c’est aussi, dans les espaces les plus audibles de ce disque, un son pur augmenté de quelques harmoniques ou parasites. Une sinusoïde et quelques déchets sonores, drones, sons parasites, fragments de saleté qui viennent conférer une rugosité organique à l’abstraction. Une équation simple, des inconnues non identifiables, non digitales.

Tout le problème est alors de savoir, en tant qu’auditeur, comment se situer par rapport à ce travail qui semble débouter toutes les habitudes de perception, toute la grammaire implicite de l’acte d’écoute. Entre grosse blague (conceptuelle) et œuvre ultra-théorique (conceptuelle également), la frontière est mince. Aussi ténue qu’entre le son et le silence. Je penche plutôt pour la seconde option. Si plaisir du texte (musical) il y a – car la sincérité d’une telle œuvre ne garantit pas le plaisir – il réside moins dans l’œuvre elle-même que dans ce qu’on peut penser de l’œuvre : posture par excellence de l’art conceptuel, à laquelle on souscrit (ou pas) selon le goût plus ou moins marqué que l’on éprouve à l’égard de ce genre d’essais. Je ne saurais me prononcer : à la fin, il faut bien admettre que c’est le disque – et pas moi – qui a le dernier mot, le dernier silence.


Chroniqué par Mathias
le 27/11/2005

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