HitchcockGoHome! est un groupe de post-rock français. Un de plus serait-on tenté de dire alors, tant le genre, souterrain il y a quelques années encore, semble avoir fait des émules multiples depuis. Oui, mais
HitchcokGoHome! n’est pas qu’un groupe de post-rock. Mieux encore, pour l’auditeur qui n’aurait jamais entendu parler de ce mouvement,
HitchcockGoHome! est un groupe de rock, voire de folk. Et un groupe prometteur!
…Yes, you’re dead!, premier album sorti sur le joli label Drunk Dog, s’ouvre sur une ligne de banjo sautillante, qui invite à se laisser prendre par la musique. Rythmique saccadée et guitare diluée constituent le reste de la structure de ce
Blank initial, jusqu’à l’apparition d’une voix féminine éthérée, comme apathique, et de nappes cuivrées bienvenues. Point de départ idéal à l’album,
Blank est sans doute – n’ayons pas peur des mots – une des meilleures chansons entendues au sein de la scène rock hexagonale ces dernières années. Un morceau séduisant, hypnotisant, mariant à merveille rythme et langueur.
Difficile après une telle ouverture de maintenir le cap jusqu’au bout du disque.
HitchcockGoHome! relève pourtant le défi, offrant une première moitié d’album qui impose sa maîtrise technique et mélodique, tout en variant – et en domestiquant – magnifiquement ses influences. Si l'instrumentation de
Blank pouvait rappeler celle du
Two rights make one wrong de
Mogwai (mais c’est sans doute le banjo qui crée cette impression),
Coward song quitte Glasgow pour Anvers. Après une introduction en douceur, les amplis sont branchés, insufflant une déflagration qui rappelle les ambiances saturées développées par
dEUS sur leurs derniers albums. Quant à
How to stop it now, il transporte la musique d’
HitchcockGoHome! vers le folk captivant des
Dirty Three, le violon lancinant rappelant la patte de Warren Elis, la guitare en retrait celle de Mick Turner. La voix a changé aussi entre-temps, devenant masculine, mais le chant féminin revient en échos par instants. Le court instrumental de banjo
Coward theme referme cette première partie proprement enthousiasmante.
Moins éclatante, la seconde moitié de l’album n’a pourtant pas de quoi faire rougir
HitchcockGoHome!. Certes quelques longueurs et une certaine uniformité pointent parfois, mais les compositions restent à la hauteur. Plus élastique, la musique du groupe quitte les rivages folk pour un post-rock plus revendiqué (comme sur la longue introduction de
Night falls), mais à la rage contenue. Aériennes et ralenties, ces chansons perdent fatalement de leur immédiateté, tout en gagnant en complexité. Le superbe
I’m not dead s’impose ainsi comme une réussite majeure, le chaos initial cédant la place à un duo vocal du plus bel effet. Ultime piste de l’album,
What have we done? renforce encore cette impression. En refusant de céder au dictat des montées interminables et des explosions attendues,
HitchcockGoHome! parvient à canaliser l’énergie de ses compositions, en se concentrant sur les ambiances créées, tout en jouant habilement de la répétition des structures.
Avec ce
…Yes, you’re dead! varié et original,
HitchcockGoHome! se profile parmi les meilleurs espoirs apparus cette année. Subtiles et maîtrisées, les compositions du groupe impressionnent par leur aboutissement, jusqu’à flirter parfois avec des sommets qui restent inaccessibles pour beaucoup. Malgré quelques petites baisses de régime en milieu de parcours, ce premier album séduit, s’accroche à la platine et laisse augurer un bel avenir. De quoi se réjouir!
Chroniqué par
Christophe
le 18/11/2005