Beulah est mort, vive
Beulah !!!
Fargo vient de rééditer pour cette rentrée en double cd édition limitée le dernier album du groupe,
Yoko, agrémenté d’un cd des demos acoustiques de l'album.
L’occasion de se pencher (ce n’était pas encore fait), sur la dernière trace discographique d’un groupe qui a splitté en 2004, lassé que la reconnaissance critique n’ait jamais été accompagnée d’un succès public.
Il faut bien le dire,
Beulah aurait mérité, comme de nombreux groupes, une reconnaissance plus large. Cet ultime album le confirme d’emblée, avec la pop song parfaite qu’est
A Man like me, que l’on s’approprie immédiatement , début en fanfare qui annonce un disque plus qu’engageant.
Bien dans son nouveau numéro de fin équilibriste du doux-amer, le groupe, emmené par le guitariste Bill Swan et le chanteur Miles Kurosky (qui a produit le disque avec Roger Moutenot, collaborateur de
Yo La Tengo et
They Might Be Giants), a mûri ses compositions dans la pénombre d’une salle de répétition plus que sous le soleil de Californie. Et cela s’entend, la couleur pop 60s shiny des débuts, si elle n’est pas reniée, est quelque peu assombrie par des arrangements moins luxuriants, et des textes plus profonds.
Beulah y perd en folie ce qu’il gagne en sagesse, sans sacrifier accroches mélodiques et détails malins (la fanfare en diminuendo final du rugueux
My side of the city, qui rappelle que
Beulah évolua un temps dans la sphère de
Neutral Milk Hotel). Des qualités qui font que le savoir-faire du combo ne tourne pas à vide et évite le ronronnement satisfait. On est ainsi sous le charme de ces morceaux parmi lesquels s’immiscent de véritables perles : citons le psychédélique
Me and Jesus Don’t talk anymore, à la dynamique imparable, dont les arrangements (pedal steel, piano de far west, trompette radieuse, etc) débordent d’une joie ici éclatante.
La pop californienne de
Beulah a pour référent les inévitables
Beach Boys, mais sur cet album, c’est plus vers
Flaming Lips ou
Wilco qu’elle tend. Un environnement plus que recommandable donc, pour ce disque qui est une jolie réussite s’achevant à point nommé sur
Wipe thoses prints and run. Heureusement pour nous,
Beulah n’a pas disparu de la circulation sans laisser d’empreintes :
Yoko en est une belle.
Chroniqué par
Imogen
le 05/11/2005