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Jeff Parker

: The Relatives



sortie : 2005
label : Thrill Jockey
style : Jazz maniériste

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Tracklist :
01/ Istanbul
02/ Mannerisms
03/ Sea change
04/ When did you stop loving me, when did I stop loving you
05/ Beanstalk
06/The relative
07/ Toy boat
08/Rang (For Michael Zang)

La musique, remercions-La, n’est pas faite pour les connaisseurs. Si elle a quelque finalité, si elle obéit à quelque dessein, c’est celui d’être faite par ses auteurs pour un auditoire plus ou moins virtuel, des auditeurs quels qu’ils soient, afin de provoquer, c’est l’évidence, des sensations. Ainsi est-elle souvent faite de pièges, de ceux qui sont tendus aux connaisseurs, ou plutôt de ceux que les connaisseurs se tendent eux-mêmes et dans lesquels ils s’empressent de tomber, bêtes comme ils sont. Ainsi en est-il de The relatives de Jeff Parker, fameux guitariste de Tortoise. Disque dont on attend qu’il nous offre un prolongement du travail réalisé par le guitariste avec Tortoise ou, peut-être, qu’il se situe du côté de ce jazz-funk qui embaumait le grand Standards et qui impregnait The Unstable Molecule de Isotope 217 (autre projet de Jeff Parker) à un point tel que l’on pouvait se croire, avec un peu d’imagination — mais pas trop, les critiques/connaisseurs n’en ont que fort peu, c’est bien connu —, plongé dans les 70’s fusionnantes du maître Herbie Hancock.

Attente déçue. Rien de tout cela dans ce disque, mais une alliance déroutante entre une base rythmique, un accompagnement, qui pourrait très bien appartenir à un disque de « post-rock » (disons à l’introduction d’un morceau) et une guitare soliste qui ne peut pas ne pas rappeler Wes Montgomery. Istanbul est un titre qu’on hésite forcément à croire. La guitare de Jeff Parker est d’un classicisme imparable tandis que, dans le fond, c’est quelque chose d’autre qui finit par se produire, notamment lorsque des notes de contrebasse jouées à l’archet apparaissent, donnant un côté étrange, inquiétant et nettement moins classique au titre. Istanbul intrigue (introduction), surprend et déçoit quelque peu (solo) et s’avère finalement bien plus intéressant qu’il n’y a d’abord paru tant il abandonne son auditeur avec des questions auquel il ne répond pas (sa conclusion). Ce n’est certainement une bonne stratégie que de chercher des réponses aux questions que pose la musique ou que l’on se pose à son écoute dans les titres des morceaux, mais on peut toutefois supposer que ces titres ne sont pas toujours anodins et que certains veulent vraiment dire quelque chose. C’est du moins ce que je suppose concernant Mannerisms. Maniérismes, sans grand rapport avec le Maniérisme, courant qui, pour le dire vite, fit le lien entre la Renaissance et le Baroque, mais plutôt jouer à la manière de … [remplir avec les références qui vous paraîtront sonner juste] tout en y mettant sa manière propre, son style à soi, ce qui fait que ça sonne comme … [même consigne que ci-dessus] sans être un triste et pâle copie de … [idem].

Maniérismes donc, mais encore ambivalence de ce disque qui pourrait n’avoir de cesse d’hésiter entre musique et muzak comme si chaque note de chaque morceau qui sort des sentiers des mesure déjà battues, et parfois maintes fois, c’est l’apparence, devait être compensée par une autre qui rétablit l’équilibre entre l’inconnu, l’innovant, l’excursion et leur contraire. Équilibre interne à certains morceaux, on a essayé de le faire entendre, mais aussi équilibre “global” entre morceaux : la reprise de Marvin Gaye (When did you stop loving me, when did I stop loving you) — reprise à l’introduction insupportable de mièvrerie, musique d’ambiance, easy-listening. C’est qu’en l’occurrence, la réussite s’entend. Formant une chaîne avec ce dernier Toy boat joue avec la légèreté des autres titres pour la subvertir et introduire à cette procession de soli calés sur deux accords qu’est Rang (For Michael Zang), la palme revenant, mais c’est certainement idiosyncrasique, à la contrebasse qui, en plus d’avoir joué à merveille son rôle, fait entendre tout ce dont elle est capable dès lors qu’elle est pleinement exposée.

Disque double que l’on gagnera à écouter selon cette perspective mais qui n’effacera pas pourtant les travaux précédents de Jeff Parker.


Chroniqué par Jérôme Orsoni
le 04/11/2005

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