Deux ans après avoir fait défiler les instruments sur
Conversations à voix basse,
Laurent Rochelle accepte de concéder son exclusivité à la clarinette basse sur
Choses entendues.
Mais à ses propres conditions, se frottant toujours aux limites du matériau auquel il s'est promis pour mieux fantasmer le recours à d'autres instruments : saxophone soprano sur
La vieille femme de pierre, par exemple, ou digeridoo, dont les nappes forment, sur
Paysages sous le vent, un blues de terres australes.
L'approche de la clarinette, si elle n'est plus expérimentale, multiplie en tout cas les essais frondeurs. Chocs des clefs - visant l'abstraction (
Claquements d'ailes) ou accompagnant la mélodie (
Transits) -, gargarismes laissant s'échapper quelques notes intrusives (
En surface), ou échos fragmentés d'un souffle originel clair, recomposé ensuite selon un ordre aléatoire (
Le signal).
Si les touches successives apportent la couleur originale de l'ensemble, c'est dans les gestes que l'on repère la qualité de
Choses entendues. Le mouvement impose un charisme, et le charisme impose l'écoute. Rassuré,
Rochelle ne cesse de gagner en densité au fil des secondes d'
Oscillations, étoffe la texture de sa musique lorsqu'il y jette des propositions.
Jusqu'à surprendre et trouver une troisième voie, convainquant, sur
Prends ma main, le fond et la forme de concéder une place de choix à un autre principe venu compléter le tandem: l'élan.
Chroniqué par
Grisli
le 02/11/2005