Batteur incontournable de la scène jazz contemporaine, réclamé par une avant-garde intergénérationnelle (
Henry Grimes,
Irène Schweizer,
William Parker ou
Ken Vandermark),
Hamid Drake n’avait, avant
Bindu, jamais mené de groupe en tant que leader. Trop belle, l’occasion, que
Drake veut aussi rendre étrange : la formation faite d’une batterie pour quatre anches.
Avant d’activer le monstre, le batteur démontre sagement sa maîtrise aux côtés de la flûtiste
Nicole Mitchell (
Remembering Rituals), attaques claires sur cymbales et envolées limpides d’un souffle. L’heure venue, les brillances de
Drake emmènent un thème insouciant à l’écoute des ritournelles (
Bindu #1 for Ed Blackwell) ou accueillent les entrelacs des clarinettes de
Sabir Mateen et
Daniel Carter (
A Prayer for the Bardo, for Baba Mechack Silas).
Sur tabla, le leader imagine une ode à la lascivité (
Meeting and Parting), puis gagne en nonchalance créatrice lorsqu’il retrouve sa batterie sur le long solo qui introduit
Do Khyentse’s Journey, 139 Years and More. Plus tôt, le parcours aura connu quelques accrocs, dans les premières minutes, fades, de
Bindu #2 (bientôt effacées par les figures originales et inextricables des vents), ou sur la texture trop fine pour intéresser longtemps de
Bindu #1 for Ed Blackwell.
Pas de quoi effacer l’hommage au batteur de référence qu’est
Blackwell, à qui
Bindu offre la certitude que son jeu à part a su faire des petits.
Hamid Drake, parmi ceux-là. Au premier rang, qui plus est.
Chroniqué par
Grisli
le 31/10/2005