Qui n’a jamais dansé sur le
Never be alone de
Justice vs Simian, hurlant les paroles à en perdre la voix ?
Un buzz énorme, amplifié à chaque nouveau remix (forcément un hit) pour
Soulwax ou
Death From Above 1979, les accompagne depuis ce tube planétaire. Inutile de préciser qu’ils étaient attendus au tournant pour la suite de leurs aventures discographiques.
Les voici donc qui reviennent avec un deuxième EP entièrement composé de morceaux de leur cru, toujours sur Ed Banger Records, et autant vous le dire tout de suite, ce maxi-évènement, déjà playlisté depuis plus d’un mois par tout ce que la planète compte de djs respectables quelque soit leur style de prédilection (de
Feadz à
Tiga en passant par
Matthew Herbert), est une réussite totale. La claque attendue est bien au rendez-vous.
Travaillant cette fois-ci pour eux au lieu de se mettre au service de la musique des autres, les deux membres de
Justice ont pu développer sur ce maxi leur propre son, reconnaissable à ses lignes de basses electro-rock crades et légèrement breakées, noyées sous des explosions de charleys, sur lequel se greffent des mélodies originales mais formidablement catchy. Le tout dans un climat mystique et décadent qui semble, jusque sur la pochette, être le thème du maxi. Ils livrent ainsi un ensemble cohérent, tout en se donnant la liberté de faire de chaque morceau une pièce unique, jouant sur un registre bien distinct.
Le morceau-titre,
Waters of Nazareth, débute par une intro bruyante et chaotique se fondant rapidement en une basse incroyablement crade, sale, qui, alliée au martèlement implacable du pied très appuyé, bouscule l’auditeur, lui laissant l’impression de se retrouver plongé dans un cours d’eau trop puissant pour lui. Ceux que ne s’y noieront pas apprécieront de se faire ainsi balader, la dureté du ton n’excluant pas un certain groove (et quel groove !). Le track prend une autre dimension lorsqu’en milieu de morceau s’élève une mélodie d’orgue du plus bel effet, lente, ample, mystique, lumineuse. A un break solennel au possible succède un redémarrage sur les chapeaux de roue, l’orgue se fondant dans l’ensemble. Par son côté implacable et sa propension à mélanger le chaud et le froid, le morceau rappelle alors l’
Outrage de
Bangalter. De quoi transformer l’espace de quelques minutes n’importe quel dancefloor convenablement peuplé en grand-messe païenne hystérique, orgiaque, ambiance fin de siècle.
…Ce morceau est beaucoup trop court…
La face A a beau envoyer fort, le reste de l’EP vaut aussi son pesant d’osties.
Let There Be Light (demo version) tout d’abord, acid funk poisseux, déviant, assez dévastateur, et de plus en plus oppressant à mesure que le morceau déroule, qui laisse finalement place à une instru cheap genre demo amiga, ou générique de fin de jeu vidéo 80’s. Ce surprenant final, que n’auraient pas renié les
Daft Punk période
Discovery, est presque désarçonnant de candeur, de naïveté. Une petit miracle d’apaisement. Et la lumière fut…
L’entame hyper rentre-dedans de
Carpates, le dernier track, est trompeuse.
Justice n’a pas vocation à se lancer dans la hard techno, c’est à un morceau somme toute assez léger que nous avons droit. La basse aux réminiscences disco, très rebondissante, couplée à des arpèges particulièrement entêtants donne un ensemble séduisant, très efficace, dont la mélodie vous poursuit longtemps après que le disque a fini de tourner.
Si l’on a parfois l’impression d’écouter « le bon maxi au bon moment, sur le bon label », ce qui peut agacer, on ne peut que reconnaître que cet EP, frais et original, hautement tubesque, est probablement ce qui s’est fait de plus excitant sur ce format depuis la rentrée. De bon augure pour ce groupe promis à un avenir doré. Demain,
Justice pour tous et partout !
Chroniqué par
Pek
le 27/10/2005
