Hello Mom. Nein, je ne baisserai pas la musique, parce que c'est
Modeselektor, ce duo dont j'ai les posters dans ma chambre. J'ai quatorze ans, je peux avoir des musiciens électroniques pour héros.
Look Mom, ils ont juste un savoir-faire saisissant et des idées belles comme un laser bleu sur la petite club babe de la soirée ; avec eux, le temps n'a plus cours quand l'electronica prend son tour (
Vote or Die), ni pour le dub lo-fi hérité des compatriotes de
Rhythm & Sound :
Fake Emotion, mon oeil.
Look, Mom, les hits acrobatiques sont là. Et en premier lieu cet electro hip-hop scotché, à la plastique raturée, corrigée, annotée, je veux parler de cette
Dancing Box qui exploite les singularités de
TTC, qui fait rentrer dans l'espace du morceau les tests micro de
Cuizinier, ponctue certaines phases de bruitages, hache celles de
Tekilatex (toujours excellent quand son pouls s'accélère et qu'il trépigne ses fantasmes du club, comme un Joe Dalton poète pop), et transforme
Tido en Terminator funk pour le refrain.
Mom, laisse-moi te dire, leur anthem de rêve du EP
Turn Deaf restera ignoré du public minichaînes. Il est ici remplacé par un
Rapanthem où le
Ol' Dirty Bastard (RIP) de
Baby i got your money est chahuté et dans un même élan caressé par des nappes nostalgiques à souhait. Le rattrapage est néanmoins permis en ce qui concerne
Hasir, petit hymne qui breake et filtre un riff oriental sur fond de synthés définitifs, et puis
In Loving Memory. C'est très beau, ces souvenirs.
Si ça t'intéresse - et ça t'intéresse, mais tu ne le sais pas encore - on est gratifié d'une démonstration inédite de leur puissance dans l'electro-tech tellurique (
Kill bill vol.4). Il y aussi un faux ragga dérangé du cul (
Silikon), pour que tu puisse trouver un remplaçant à Papa en bougeant moderne et efficace dans le club (ensuite, il faudra continuer à sortir, avec lui : j'apprécie quand tu me laisses la maison).
Hey, Mom, tout cela est enthousiasmant, voilà un album qui joue ingénieusement avec les spectres multicolorés de ce que la musique électronique a pu nous offrir d'ambiances, de sensations, de fantasmes et de frissons. Dans
Ziq-Zaq &
Tetris Pack, tu retrouveras les claviers émotifs des compositions milieu nineties de
Mike Paradinas.
Ok, dans l'ensemble cela ressemble plutôt à une demo de producteurs, il ne s'agit pas de l’œuvre ambitieuse attendue mais d'un résumé des diverses applications de leur affolant talent. Tu pourras donc lui préférer le
Labland. En attendant, grâce à ce groupe, maintenant est tout prêt. Alors joins toi à moi pour leur demander des promesses pour l'avenir, sur ce mode : "les
nightcreatures que nous sommes, déjà orphelines de leurs exploits, placent en
Modeselektor leur foi".
Chroniqué par
Guillaume
le 24/10/2005