Brighter est le deuxième opus d’un jeune groupe valençois qui n’avait pas manqué de nous séduire, sur disque et sur scène, avec son premier album,
Drunk in your arms.
Dès l’ouverture, surprise : le chant fait son apparition dans le rock instrumental de
Dont look back, jusqu’ici exclusivement narrativisé par des samples. Ce premier titre n’est pourtant pas la façon la plus percutante de nous faire entrer dans ce disque : la noirceur textuelle y frôle parfois le cliché (
Embrace the time that kills you/ Embrace the town that slowly beats you down/Embrace the ones that only watch you bleed..), le chant est limité. A côté de
Remove all trace, qui lui succède, ce premier titre ferait cependant presque figure de ba(l)lade de santé pop. Nulle place ici pour un chant tourmenté, mais à l’ouverture de ce morceau de bravoure, la pulsation d’un beat inquiétant, bientôt relayé par un riff lancinant de guitare qui reviendra, batterie à l’appui, comme leitmotiv : phases de fausse accalmie ouvrant le champ à des décharges sonores modulées jusqu’au paroxysme, expulsées par des murs de guitares agoniques et une batterie impériale.
La capacité prodigieuse de
Dont look back,déjà repérée sur le précédent disque, à insinuer dans nos esprits ses fausses eaux dormantes et vraies fièvres électriques, ne se dément pas ici, comme en attestent l’ébouriffant
Joyrider ou les imprécations puissantes de
Nothing just happens.
Farewell to the bright side nous fait sentir sans détour le goût de dlb pour le metal, tandis qu'un versant plus expérimental s’exprime sur ce morceau à travers ce discours froid d’une voix féminine, qui décline ses phrases étranges sans s’émouvoir des déluges sonores qui se déversent autour. Morceau auquel fera écho
Dark Mobson (version anglaise avec chant masculin-féminin cette fois), tout aussi absorbant.
L’intensité électrique ne retombera pas jusqu’à la fin de cet album, qui adoucit par endroit ses décharges soniques par de judicieux inserts électroniques. Ceux-ci contribuent à cette couleur d’
unheimlichkeit envoûtante que l’on savourera jusque dans l’extrémité finale du disque, qui s’achève sur un beat qui n’aurait pas juré sur
Mezzanine de
Massive Attack.
Brighter est comme la mise en scène d’une psychomachie instrumentale, qui figure dans ses temps de respirations haletantes et ses regains de luttes , le salutaire exorcisme que la musique dite post-rock la plus expressive, sans jamais tomber dans une théâtralité outrancière, peut nous offrir.
Chroniqué par
Imogen
le 23/10/2005