Si les noms de
Villalobos ou
Luciano résonnent comme un gage de qualité aux oreilles des adeptes d’une house minimale chatoyante et inspirée, il convient aujourd’hui d’y ajouter celui de
Pier Bucci. Le chilien trace un axe imaginaire entre Berlin et Santiago et fait se rencontrer dans un coït ensorcelant les schémas les plus inspirés d’un style où électronique déviante et house soulful se disputent la primauté du son.
Auteur de deux maxis et co-responsable de la production de quatre titres sur le
Blind Behaviour de
Luciano (sous pseudo
Lucien-N-Luciano), c’est cette fois sur le label anglais de
Damian Lazarus où il côtoie
Phonique ou
Kiki & Silversurfer que le sud américain sort son premier long format.
Cultivant l’ambivalence,
Bucci se joue des mélodies sur rythmiques glacées, assume un goût prononcé pour le détail, étirant le beat là où d’autres auraient froidement tranché. Le raffinement est ici de mise, sans étalage, sans maniérisme, avec classe et à propos. Distillant avec subtilité des nappes de sons complexes et inspirées sous une apparente bonhomie, il semble tenir entre ses mains le lien invisible entre clubbers pur souche et adeptes d’une électronique pointue et déviante : musique pour le corps et pour l’esprit, plaisir des sens, volupté immédiate semble ainsi être le triptyque érigé en credo par le jeune chilien.
Des sonorités dark aux lignes de basses catchy et harmonieuses, le télescopage d’influences confère à ce disque une aura toute particulière, une impression de conciliation bienvenue, quelques part entre house débridée, hédoniste et IDM des premières heures. L’enchaînement des titres rajoute un sentiment d’harmonie à l’ensemble, intuition de vivre un
instant à part, voyage ensorcelant sur ce fil ténu reliant Ancien et Nouveau Monde. Minimaliste sans être avare, envoûtant sans perdre pied … ce
Familia cultive l’exigence des dancefloors atypiques.
Une indéniable réussite.
Chroniqué par
Oropher
le 18/10/2005