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Velma

: La pointe Farinet 2'949m.



sortie : 2005
label : Monopsone
style : Trip-Hop / Electro-pop

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Tracklist :
01/ 32 offices
02/ Growing confusion
03/ No risk to be taken
04/ Sleeping underwear
05/ Metropolis
06/ Voices of the ether
07/ Quotidien
08/ 100% sure
09/ Blanquette
10/ Private perfection
11/ Run

Groupe réputé pour ses prestations scéniques, Velma reste moins connu pour sa discographie, malgré un inventaire impressionnant, allant des albums studio à des musiques pour performances diverses, en passant par un split avec les américains de Dälek (sorti en 2003). Avec cette Pointe Farinet, quatrième album déjà, le trio helvétique devrait pourtant réparer ce déséquilibre et mettre tout le monde d'accord, réalisant une synthèse maîtrisée entre le trip-hop de Bristol et l'electro-pop actuelle.

Oscillant d'une électronique angoissante à une pop aérée, La pointe Farinet 2'949m. se délite désinvolte, place la barre très haut, sans en avoir l’air. C’est au fil des écoutes en effet que se révèlent les qualités multiples de cet opus, dépassant son homogénéité apparente. Les titres d’ouverture donnent le ton, mêlant rythmiques martiales, frictions des guitares et nappes synthétiques et planantes (32 offices, Growing confusion). Ajoutez à cela la voix monotone et éthérée de Christophe Jaquet (virant vers un flow décalé par moments) pour obtenir un climat à la fois aérien et étouffant, un album où l’instabilité règne en maîtresse. Exemple parfait de ce mélange d’ambiances, No risk to be taken qui démarre sur un gimmick acoustique de contrebasse, avant de se noyer sous des chapes saturées de synthés – rappelant ceux d’une Leila – d’où émerge une ligne de guitare tendue et inquiétante. Plus rampant, l’instrumental Quotidien dérive de samples enfantins vers une ligne de piano légèrement dissonante, source d’un équilibre trop précaire pour durer, porte ouverte vers des univers torturés. La noirceur s’imprègne par touches successives à mesure que l’album avance, esquissant comme un pendant plus organique au Mezzanine de Massive Attack. Private perfection incarne à merveille cette mélancolie exacerbée, instaurant un tempo lent et répétitif – voix et rythmiques – sur lequel se greffe une guitare hypnotique, jusqu’à la saturation finale. Metropolis, reprise méconnaissable de Motörhead ( ! ), renvoie elle aussi à ces errances aliénées, s’insinuant sous l’impulsion vénéneuse d’une atmosphère multiple et écrasante. Autre reprise, Voices of the ether marque les retrouvailles avec Dälek pour une relecture lente et oppressante de ce titre des américains. Malgré cette attirance marquée pour les climats glacés et glaçants, la musique de Velma s’autorise tout de même des escapades plus lumineuses, dévoilant le versant pop du groupe. La voix reste monotone mais gagne en sérénité, quand les lignes de guitares s’éclaircissent, virant à l’acoustique (Sleeping underwear). Mieux encore, le trio délaisse même tout à fait l’électronique sur un dernier titre revendiqué bossa-nova, clôture idéale et étonnement apaisée (Run). En un peu plus d’une cinquantaine de minutes, la musique de Velma aura ainsi passé d’une mélancolie rampante à une intense oppression, pour déboucher sur l’évidence pop, superbe et aérée. Des modulations qui se seront faites sans accro, contournant la vigilance de l’auditeur, pour le perdre au hasard des détours.

La Pointe Farinet 2'949m. s’apparente à un voyage musical, une randonnée éprouvante vers les sommets (comme celui du titre, situé dans les Alpes près d’Aoste). L’auditeur serpente parmi les arbres nombreux d’une forêt sombre et inquiétante, comme égaré en des territoires angoissants. Mais les écarts ne sont pas interdits dans cette traversée, des rais de lumière intermittents zébrant parfois les feuillages qui bruissent au-dessus. Des poches d’air nécessaires laissant deviner le soleil et l’horizon qui attendent le voyageur une fois le sommet atteint. Complexe et prenante, cette promenade électronique atypique se dégage comme l’une des bonnes surprises musicales de cette année, marquant l’avènement discographique attendu d’un groupe passionnant.

Chroniqué par Christophe
le 13/10/2005

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