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Pfadfinderei + Modeselektor

: Labland



sortie : 2005
label : Dalbin
style : Musifilm

achat/téléchargement

Tracklist :
01/ Rapid Eye Movement
02/ Coffein
03/ Concrete Jungle
04/ Construction Desert
05/ Tits of my Origine
06/ Grass Grows Greener
07/ My Mosquee is my Cathedral
08/ Nightcreatures
09/ Bell Lane

Bonus

01/ Playpause - Music by Funkstörung

Collaboration entamée entre le collectif de VJ's le plus sollicité au monde et le duo électro(nica) le plus prometteur d'Europe (ou du monde, même, puisqu'on est dans la distribution de prix-qui-ne-riment-à-rien), ce Labland, pour ainsi dire le premier long format de Modeselektor avant la sortie du plus qu'attendu Hello Mom, est un projet prometteur sur le papier et qui va loin au-delà de ses promesses dans la réalité. Sur l'écran et dans les enceintes, c'est la folie, le cataclysme visuello-sonore. On tient rien de moins qu'un brillant (peut-on oser génial ?) essai de musique visuelle, révolutionnaire dans sa manière de proposer d'une manière parfaitement achevée une nouvelle façon de faire dialoguer image et musique, de les diffuser ensemble, de les lier jusqu'à ce que l'image devienne musique et la musique image.

Ce film-album en neuf volets reprend la partie là où l'avaient laissé Oskar Fischinger, Harry Smith ou Len Lye, parmi les premiers à avoir théorisé, expérimenté et incarné l'idée de musique visuelle. Ces essais de cinéma libre et abstrait, totalement libéré de tout impératif narratif, si réussis, novateurs et importants soient-ils, laissaient parfois le sentiment que la musique visuelle, en somme restait une utopie, une idée dont la réalisation s'approcherait métaphoriquement ou asymptotiquement. Labland sort la dite idée de l'impasse pour lui rendre vie. Sûrement est-ce dû, avant toute chose, à l'étroite collaboration ainsi qu'au dialogue serré des VJ's et des musiciens, la musique étant composée pour l'image, l'image étant produite pour la musique. C'est la première fois, probablement, que musique et image s'engendrent mutuellement à ce point, les films de Fischinger, Smith ou Lye étant le plus souvent muets ou accompagnés de musique préenregistrés qu'ils tentent de traduire en images.

D'un côté, la musique de Modeselektor, dansante et cérébrale, concassée et groovy, immédiate et complexe, répétitive et évolutive, constituée de beats ravageurs, textures abrasives, granulaires, mouvantes et d'une netteté visuelle, motifs en évolution permanente, microsamples, cut-ups sonores et vocaux. De l'autre côté, le design graphique animé (comme ils aiment à le nommer) de Pfadfinderei, fait de prises de vue réelles (Coffein, Nightcreatures), found footage (Rapid Eye Movement), animations flash ou 3D (Concrete Jungle), photographie (Grass Grows Greener), typographies (Tits of my Origin), signes divers, vecteurs en mouvements (Construction Desert, Coffein ou Rapid Eye Movement) et incrustations de formes géométriques animées. Dans les enceintes comme sur l'écran, les régimes de son et d'image se multiplient, s'entrechoquent, fusionnent, se déforment, s'accouplent, vivent. De la rencontre de la bande-son et de la bande-image naît en quelque sorte une troisième bande, bande-sonimage, bien plus que la somme de l'image et du son, une bande accessible à un sixième sens qui est lui-même plus que la somme de la vue et l'ouïe. Une bande à la fois accessible par la vue, par l'ouïe, par cet insituable sixième sens, une bande mentale. C'est dire si Labland, avant d'être musique, avant d'être cinéma, est avant tout une expérience sensorielle totale, hypnotique, hallucinogène. En live, condition dans laquelle le projet prend toute sa dimension, l'image investit les murs, le plafond, l'espace complet. Comme si le film tentait de se fondre dans l'air et lui communiquer ses vibrations, à la manière d'une pièce musicale.

Car la grande réussite de Labland tient dans cette capacité de tout les instants à effacer complètement les frontières entre son et image. La combinaison de ces deux éléments permet de faire entendre l'image, voir la musique, et surtout entendre et voir des éléments inaudibles, inouïs, invisibles. Les gerbes d'étincelles de Rapid Eye Movement deviennent audibles, parce qu'elles sont animées et montées de manière rythmique, mais surtout parce que le dialogue entre la bande-image et la bande-son permet d'entendre l'image, déclenche un son mental correspondant à celle-ci et produite par celle-ci dans son alliance avec la musique. Du montage de la bande-image avec la bande-son jaillit en quelque sorte la sensation à laquelle vise ce musifilm, chose intangible mais qui lui donne toute sa valeur et sa singularité. De la même façon, Pfadfinderei, à la manière de Murnau dans ses films muets, aime à filmer des objets produisant un son très précis, comme des perceuses ou des chutes de pierres (Construction Desert), qui se font entendre par leur présence à l'écran, tandis que les incrustations graphiques donnent une consistance visuelle au rythme et à la mélodie, dessinent une partition muette sur le film sonore.

Réussite complète, tant musicale que graphique, à la fois intelligente et purement sensorielle, Labland confirme le brio des deux collectifs et s'affirme comme le nouvel étalon de tout projet alliant audio et vidéo à venir.


Chroniqué par Mathias
le 21/09/2005

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