Fedaden, moitié de
Del Wire, signe ici son premier opus, affirmant haut et fort son goût pour les ambiances cotonneuses, pour une electronica empruntant les chemins de traverse qui mènent vers d’autres univers aux contours plus chatoyants, avec toujours en ligne de mire cette quête exaltée de la mélodie.
Enchaînements minimalistes de sons éparses sur de sourdes nappes (
Empire), incursion bossa lo-fi où froid et chaud se toisent et se répondent (
Ansietad), ambiances pesantes et chargées (
Voila) ou cinématiques (
Long Way), dub, hip hop, downtempo …
Fedaden dessine la bande son d’espaces à la croisée des chemins, entre gravité et légèreté, toujours en équilibre précaire, à la manière d’un acrobate usant de son balancier pour tempérer les dérives l’emmenant d’un coté ou d’un autre.
Loin du laborantin adepte d’expérimentations en tout genre,
Fedaden s’attache à conférer émotion et âme à ses assemblages électroniques, à donner vie à ses constructions mécaniques, à gommer l’aspect brut et décharné de ces productions pour les amener vers plus de sensualité, à la manière d’un Dr Frankenstein refusant de ne voir en sa création qu’un simple amas d’éléments mécaniques. Dompter les machines pour mieux renouer avec notre humanité et
tant apprendre, poésie bionique écrite au sang sur un laptop … les neuf titres parlent aux sens mais s’écrivent en binaire.
Refusant de choisir entre machinisme et humanité, le toulousain offre une vision contrastée, symbiose de vues différentes, somme de craintes rêvées et d’espoirs contrits, assemblage iconoclaste de terre et de silicium tirant sa force de cette improbable rencontre, goûtant à une vie chèrement acquise comme on goûte aux parfums d’une fleur déjà coupée, déjà morte … avec hâte et passion.
Chroniqué par
Oropher
le 15/09/2005
