En 2003,
Song For The Deaf enfonçait le clou
Queens Of The Stone Age une fois pour toute dans la tête des sceptiques, emportant les riffs stoner des californiens sur le terrain d’une pop fiévreuse à l’efficacité désarmante. En 2005, Josh Homme s’est débarrassé de son bassiste ingérable, a écrasé quelques champignons hallucinogènes dans sa tequila, et accouche de
Lullabies to paralyze.
Premier constat, le quatrième album de QOTSA est moins immédiat que son prédécesseur. La section rythmique revue à la baisse privilégie les mélodies, là où
Song For The Deaf déchargeait une partie basse « Olivery » / batterie « Grohl » surpuissante. C’est au fur et à mesure que le disque choisit ici de délivrer ses subtilités. Passées quelques écoutes, la confiance s’installe, et l’addiction, pure et simple, lui succède.
Lanegan et sa voix caverneuse ouvrent le disque sur une ballade mélodique et cotonneuse, et on passe assez vite aux choses sérieuses avec
médication, qui envoie une première salve de guitares et un riff meurtrier.
Everybody Knows That You’re Insane se pare d’une introduction inhabituelle un rien planante et remet les pendules à l’heure sur le refrain, littéralement tellurique. A partir de ce moment, l’album ne va faire qu’enchaîner des morceaux tous plus jouissifs les un que les autres, créant une alchimie parfaite entre mélodie et puissance, se permettant de virer à droite sur le blues (
Burn the Witch,
You’ve Got A Killer Scene There Man), à gauche sur le gros rock qui tâche (
Little Sister, l’excellent
The Blood Is Love), et accessoirement de s’envoyer en l’air dans un vilain trip psyché sombre et oppressant sur
Someone In The Wolf, peut-être le meilleur morceau de l’album.
A côté, les ballades désertiques que sont
In My Head,
I Never Came, ou
Long Slow Goodbye ne font pas figures de meubles mais, bien au contraire, contribuent à accentuer l’ambiance crépusculaire de ce qui apparaît avec un peu de recul comme l’album le plus dense de la formation californienne. Chaque morceau délivre ses petits moments de bonheur au compte-goutte, rendant l’écoute indispensable des mois après la sortie du disque.
Queens Of The Stone Age est de ce genre de groupe qui, à chaque album, garde ce son caractéristique qui permet de les différencier de n’importe quel autre tout en variant radicalement les approches. A l’heure où les polémiques vont bon train sur le rock, et où finalement, on se fout bien de savoir s' il est encore en vie ou non,
Lullabies to Paralyze se pose là. Accessible, séducteur, sensuel et intriguant, il est entré dans la bataille, les bottes poussiéreuses, pour le titre du meilleur disque rock de l’année 2005.
Chroniqué par
WakMc
le 31/08/2005