The Chap annonce d’emblée la couleur de son nouvel album
Ham, qui arbore sur sa pochette un tigre affublé d’un masque rose… le tigre, symbole de la force, devenu gentil minou inoffensif et ridicule par la grâce d’un simple artifice de carnaval. Rien de nouveau sous le soleil du détournement ludique, d’accord, mais une image qui a le mérite d’être suggestive au cas où le titre de l’album (vous avez dit « jambon » ?)ne suffirait pas : il ne s’agit que de musique, il ne s’agit que de (se) faire plaisir. Et si l’on peut en sus apporter une petite brise fraîche de delirium à la scène electro-rock actuelle, pourquoi se priver ?
Ham suinte de tous ses porcs (pardon) le manque de sérieux assumé, la lo-fitude décomplexée : pas un étendard,juste une façon d’aborder la musique de front, mais en décalage, toujours, par rapport à la bienséance et au bon goût qui volent ici joyeusement en éclat à travers cette union débridée et fantasque du rock et de l’électronique, modulés en sous genres minutieusement dynamités, joyeusement imbriqués : new wave, disco, krautrock , noise, pop, electronica…
The Chap nourrit sa musique de réminiscences variées, entre glitchs electro et guitares noise, froissement numériques et dissonances organiques, passages plus introspectifs et mélancoliques ,avec comme fil conducteur ce goût sûr du décalage et de l’inattendu, qui se loge dans la nonchalence bancale de patterns imprévisibles, dans une succession de chœurs mixtes aux slogans scandés de façon délicieusement détachée, ou dans des grooves synthétiques taquins et sautillants.
Baby I’m hurtin : visiblement, les
Chap n’ont pas pris le temps d’accorder leurs guitares (les riffs ronronnants d’ouverture), trop occupés qu’ils étaient à faire grincer et couiner leurs violons, pour voir ce que ça fait. Le ton est donné.
Succédant aux mécaniques instrumentales mal huilées d’ouverture, le deuxième titre, mené par une basse gourmande, relevé de chœurs lapidaires, dessine un disco-rock funky qui assène ses délicieux lyrics façon humour noir avec une tranquille décontraction, sur un beat synthétique aqueux : « Garage Rock/Album Launch/Chart Success/Interview/New York, Tokyo/Hotel Room/Loneliness/Suicide »
No woel est le parfait exemple de ce syncrétisme rock et électronique qui est le cœur du disque, pour un electroclash faisant penser à des
Kills qui auraient viré psychédéliques.
Auto where to, qui sonne comme la rencontre entre
The Notwist,
Lali Puna et
Dose One (et aurait donc pu, à peu de choses près être signé
13 + god), est un des hymnes savoureusement mélancolico-barré de cet album.
Citons enfin
I am oozing emotion, hit pop lo-fi évident, et peut-être le meilleur porte-drapeau de ce disque finaud, aux expérimentations ludiques jamais complaisantes ou gratuites, qui révèle au contraire progressivement des recoins sonores réjouissants.
Derrière la coolitude affichée, et que pourrait résumer le sifflotement répété de l’entraînante ritournelle electro
Long distance lovin, il y a matière à exploration sonore pour l’auditeur, qui saura apprécier. Woop woop.
Chroniqué par
Imogen
le 24/08/2005