Il y a de quoi rester songeur à l’annonce du retour d’
AWOL One et
Daddy Kev, deux ans après un
Slanguage plutôt bancal, ne renouant pas avec l’ingéniosité traditionnelle du duo. Toutefois, la récente tournée d’
AWOL et d’
Existereo avait entretenu l’espoir d’un renouveau, à grands coup de reprises de
Lil’ Jon devant un public désormais sans sac à dos.
Un sentiment qui se confirme dès l’épreuve du shuffle, lorsque les rythmiques syncopées de
Looks Like viennent trancher le EP en deux, après un
The Unwanted tout aussi réussi. En l’espace de deux titres,
AWOL One rassure tout le monde quant à sa capacité de poser à la fois sur une boucle teintée «guitares/basses lourdes» que dans les éclats synthétiques d’un club forcément particulier de la Bay Area.
Daddy Kev, quant-à lui, se montre bien plus inventif que sur le grossier
Dance Monkey, produit pour le dernier
Sage Francis, mais ne peut malheureusement s’empêcher de refaire du free-jazz sur la fin du EP. L’exercice passe encore avec les effets de
Unlucky Number, mais le
Daddy ne chatouillera personne avec la batterie répétitive de
Dead Bartender, genre
Cosmic Cleavage en encore moins convaincant.
Devant cette hétérogénéité et ce manque de parti pris, bien malin donc celui qui affirmera connaître les prochaines ambitions soniques de
Daddy Kev et
AWOL One. Reste à entretenir l’espoir d'un album proche de
Looks Like ou
The Unwanted, reléguant les cuivres au placard au profit des textures gourmandes et autres rythmiques dance-floor. En attendant, vous pouvez toujours vous délecter de ce
Killafornia qui, en dépit de ses maigres défauts, reste la meilleure sortie estampillée «rap indé» depuis le manifeste d’
Edan.
Chroniqué par
David Lamon
le 11/08/2005