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V/A Mutek

: Mutek 05



sortie : 2005
label : Mutek
style : Electronica / Click'n dub / Ambient

achat/téléchargement

Tracklist :
CD 1

01/Danieto - Amanecer Zencillo
02/Luci - November Pain
03/Social System - Decasia
04/Si-Cut.DB - Gameplan 2
05/Monolake - CCTV
06/Bruno Pronsato - Bernhard & Moritz
07/Stephen Beaupre - Shinemoon.I
08/Pier Bucci - Minimel Subconcius
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Il y a trois ans de cela, la compilation Montreal Smoked Meat mettait à jour une scène électronique canadienne en capacité de rivaliser avec l'Allemagne (quoique paradoxalement, celle-ci sortait chez Force Inc). En contrepoint du pôle dance du label Turbo et de l'omniprésent Tiga, il y avait là-bas Akufen pour nous faire du bien avec ses zappings veloutés (cf. l'éternel Even White Horizons), de la moutarde fluo échappée de Crackhaus aussi bien que le confort moderne de Deadbeat. Passé l'épiphénomène, on continue de surveiller de près ce qu'y se prépare, a fortiori quand il s'agit d'une double compilation qui émane de l'admirable Mutek festival et réuni des artistes locaux aussi bien qu'internationaux, au nombre duquel figurent Apparat, Taylor Deupree, Gunter Muller ou Monolake.

En comparaison avec la Sonar 2005, cette compilation s'oriente vers une esthétique hi-tech. Beaucoup de dub digital et clické sur le premier disque : bercé d'une langueur clinique avec Danieto ou Social System, Simon Guibord ou Mendoza (deep !), mouillé aux synthés Detroit pour Si-Cut.DB. Monolake, avec CCTV, rejoue la course effrenée des dactylographes, utilisant des signals sonores standards en ponctuation skank et des rumeurs urbaines pour l'atmosphère. Au final, le titre résonne comme une représentation sans jugement de notre monde informationnel. Macro-house éperdue de Luci, lignes de fuites métalliques et points d'interrogations mélodieux soumis à d'astucieux décalages pour Meek : cette premiere partie offre tout un ensemble de stylisations numériques haut de gamme pour intérieurs design ou oreilles attentives. Des rejetons spirituels de ~scape, Warp et de l'electronica allemande qui fournissent une musique sophistiquée mais accessible, au sound-design soigné dans un équilibre idéal des temperatures (Shinemoon.I de Stephen Beaupré, qui porte bien son titre), optimisées par un mastering irréprochable.

C'est aussi une suite imaginable de l'esprit des compilations Artifical Intelligence. Il y a la recherche d'un idéal de son de studio, une quête du cryptage-clé. Il y a des intrigues sonores détachées de tous référents exterieurs pour mieux se centrer sur la seule culture numérique. Ne sont plus utilisés que des sonorités qui renvoient à la machine elle-même : bips, bugs, glitchs (cf. les grooves métalliques de Bernard Promsato).
Ainsi le moyen, le media, la technologie, sont devenus le fond, le discours, et il s'en dégage une poésie étrangère et sans cesse réinventée (illusions aquatiques sur le Minimel Subconscious de Pier Bucci). Dans les exceptions, on repere le Bolz d'Apparat, synthèse des beats nu-funk de son EP Can't Computerize It et de mélodies étonnament familières de l'album Duplex, ou le Mojada d'Emisor, pour sa loop progressive dans l'esprit du Co's bicycle turns only one side de Co.

Le second disque privilégie plus d'expérimentation. Moins environnemental, mais plus ambient puisque les beats se font la malle (Klimek, Direwires en sont des représentants orthodoxes) ; plus mental encore, voire carrément cérébral dans les fréquences choisies : larsens âpres et buzz qui raclent (Akumu), fourmillement presqu'atone de Gunter Muller ou Richard Chartier, questions réponses répétitifs d'origine acoustique de fm3, noise et parasitage de Pomassi, numérotations concrètes de Skoltz_ Kolgen et surprenantes eruptions de jazz noisy et numérisé de Kapital Band I. Des électroniciens qui brouillent les pistes en approchant dans la forme les musiques contemporaines savantes, et reclament de fait un surcroit d'investissement de l'auditeur. Alors seulement ces récits pointillistes et ascetiques, qui mettent en scène d'étonnants systèmes pour géometres, pourront émouvoir (Taylor Deupree).

Quoiqu'il en soit, en réunissant morceaux de haute fidelité aux grooves pointus (disque un) et anti-électronique avec franchement moins de sex-appeal (disque deux), la Mutek 2005 place une passerelle et reformule l'ambiguité des musiques electronica, à la fois symboles d'une culture digitale qui tourne en loop autour d'elle-même (captant l'oreille et le coeur au passage), et marchandes d'énigmes sur leurs limites.

Chroniqué par Guillaume
le 08/08/2005

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