Auteurs l’année passée d’un premier album (
We felt nothing at all) de très bonne facture, les Anglais de
Souvaris sortent aujourd’hui un EP, répondant au joli nom de
Matador of Shame, qui regroupe certains de leurs premiers titres. On y retrouve ainsi trois morceaux parus dans un premier temps en vinyle seulement, respectivement sur un 12’’ sans titre sorti en 2002 et sur un split 7’’ enregistré avec le groupe
The Workhouse en 2003. L’initiative de cette belle réédition en cd – mention pour le superbe artwork et le packaging – est due au label japonais Bulbphone, dont c’est la première sortie.
Moins complexes et bien plus courts que les compositions de
I felt nothing at all (bien que deux morceaux sur trois ici avoisinent les dix minutes), ces premiers essais de
Souvaris sont aussi plus directs, mettant en avant la mélodie, autour de laquelle se construit la musique. Jamais stéréotypés, ces morceaux frappent aussi par leur variété. On passe ainsi des guitares subtiles et éthérées de
Looking for excuses for a long face à la ligne de piano enlevée de
Mnemonic, après avoir rencontré en chemin la rythmique hypnotique de
To behave like a guard dog and fit in a matchbox. Ces compositions, bien que l’on puisse les qualifier de post-rock, semblent ainsi être autant influencées par le krautrock (on pense notamment à
Neu!), ou certaines musiques électroniques, que par les orfèvreries de guitares de
Mogwai ou autres
Explosions in the Sky. Les guitares et le clavier partagent à chaque fois le devant de la scène, créant une alchimie hybride tout à fait probante. Cette palette de références contribue à l’originalité de
Souvaris, qui se détachent parmi les meilleurs espoirs de la scène post-rock actuelle, dans la lignée d’un groupe comme
Stars of the Lid, ou encore dans le voisinage des premiers travaux de
Tarentel. Mais la véritable force de
Souvaris, c’est que jamais ils ne cèdent aux schémas habituels du genre, faisant se succéder fortissimo et pianissimo-lento, dans des crescendos forcés. Si leur musique ne craint pas la répétition (le thème de
Mnemonic décliné à l’extrême), elle sait aussi mesurer ses effets, en user sans en abuser.
Au final, ce EP permet de découvrir une autre facette de
Souvaris, après les constructions alambiquées de leur premier album. Un style plus direct et ramassé, qui permet à ces trois morceaux de faire mouche, grâce à la puissance mélodique qu’ils contiennent.
Matador of shame se profile ainsi comme la porte d'entrée idéale pour l'univers de
Souvaris.
Chroniqué par
Christophe
le 06/07/2005